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  • : Créé en 2006, ce blog autrefois consacré à la danse se diversifie davantage.
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Noureev

 

Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

marie-taglioni-in-zephire.jpg

11 août 2006 5 11 /08 /août /2006 08:23

  Ils sont magnifiques à regarder... quand ils évoluent, c'est toujours sur la pointe des pieds, comme les danseuses classiques.

Les plus élégants ont même les pieds naturellement en dehors...

Côté souplesse, on peut la leur envier, même Sylvie Guillem!

Côté équilibre, même chose...

Pareil pour la vitesse... la grâce... et les sauts!

Ceux de Nijinsky à côté, ont l'air ridicules...

Et puis quel sens de la mise en scène! Quels merveilleux acteurs ils font parfois : minant la colère, la peur, l'étonnement, la jalousie, l'amour, la soumission, la passion, le mystère, l'absence, l'indifférence...

Les chats sont des danseurs nés!

C'est d'ailleurs amusant qu'ils y aient plus d'écrivains possédant un chat que de danseurs... peut être l'écrivain, si sédentaire, est il heureux d'avoir à ses côtés un baladin, un artiste de la scène, un nomade

 


 

Georges Balanchine les adorait lui aussi!

 

Les chats me consolent de tout...

 


 

Céline et son chat Bébert, Balanchine et l'un de ses chats

 

 

ces deux livres font partie de ma bibliothèque  : l'étonnant danse avec les chats, on des danseurs font vraiment danser leur chat, de la plus naturelle façon : en dansant eux mêmes, et le sensible livre d'Annie Duperey qui raconte combien les chats ont apporté de douceur dans leur vie

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1 août 2006 2 01 /08 /août /2006 08:37

 Il y a quelques temps, ( un peu plus de deux ans) Sylvie Guillem publiait ses propres autoportraits. Elle avait pris les choses en main, car n'aimait pas du tout ce que lui proposait le magazine Vogue : les photos n'étaient pas " elle" mais la vision que le photographe avait d'elle.

La  prodigieuse envie de se montrer vraiment lui donne  l'audace de   réaliser une série d'autoportraits  d'elle, nue et parfois grimançante. Cela, une fois encore, choqua beaucoup. Le Monde décide de l'interwiever, pour comprendre la démarche bizarre  d'une étoile, si belle sur scène, qui se prend en photo sans se travestir, sans maquillage, véritablement "à nu et sans fard". Comme si elle en avait assez " de faire rêver"

Singulière démarche, n'est ce pas, que celle de vouloir briser une image trop lisse d'une belle femme en tutu et diadème, dotée de jambes magnifiques, d'une silhouette altière et élégante, et d'en montrer toute la force, toute la puissance, toute l'androgynie, laissant résolument de côter paillettes, diadèmes, maquillage, costume qui embellissent mais travestissent aussi...

Sylvie s'explique : " je n'ai jamais pu me défaire de la certitude de n'être pas comprise ( ...) appréciée pour ce que je suis. (...) je n'ai jamais de contacts vrais ( ...)

quels aveux...!!! ainsi, pour rompre cette muraille, cette démarche   sera suivi par celle de la publication de son livre de photos qu'elle nomme " Invitation" . Un énorme livre,au dimension surréaliste, qu'on ne peut même pas ranger dans une bibliothèque normale. A t'elle donc peur qu'on oublie son livre sur le coin poussiéreux d'une étagère pour l'avoir doté de telles dimensions?

En tous cas, sous l'éclairage de ces aveux, ce titre, "invitation", s'éclaire!!! C'est comme un appel   à venir voir qui elle est vraiment, à partager un peu d'elle, à être comprise enfin!

Dans l'interwiev, elle revient aussi sur ses année de danse, défend aprement Claude Bessy qui est au coeur d'une polémique : la DASS a établi un constat alarmant du mauvais traitement que subissent les petits rats à l'école de danse : alimentation carencée, cas d'anorexie, blessures, etc...

Elle dit, non sans virulence mais aussi courage : " ceux qui sont poussés par les parents sont les plus malchanceux, mais ce n'est ni a faute de Claude Bessy, ni celle de l'institution. (...) L'école est là pour former les meilleures( ...) Personne ne peut nier que l'entrainement est dur, mais l'école hotelière, vous croyez qu'elle est facile?(...) si une fille commence à faire la montgolfière, il faut lui dire : " mademoiselle, ou vous perdez du poids ou vous ne pouvez pas rester"

cela à le mérite d'être clair : le coprs est l'outil, et il ne peut pas être " gros"!


 

 A propos de son départ de l'Opéra elle explique  : " je m'étais aperçue que je n'avais pas que des amis... j'étais en pleine bataille avec moi même, les autres, avec l'opéra de Paris. (...) Noureev voulait savoir où j'étais capable d'aller pour conquérir ma liberté. On y a vu un caprice de diva alors que je suis la discipline même! ( ...) 


 

Déjà, dans les années 1985, ce sentiment d'être incomprise... c'est peut être de ces multiples contradictions, révoltes, défis, que Sylvie tire sa force extraordinaire... de son désir de lutter pour être elle même et accepter comme elle est, qu'elle vivifie de cette énergie tous les personnages qu'elle incarne... et c'est peut être pour cela aussi que son rôle de Giselle m'a déplu :

car Giselle, dans le ballet romantique se soumet, accepte, pardonne.... Giselle est l'abandon même...

peut être Guillem lui a t'elle donné trop d'elle même, de sa propre force, de sa  passion et de sa révolte?... ce qui est en total désaccord avec la nature de Giselle qui meurt parce qu'elle ne peut supporter la vérité... et rejoint alors le royaume des Ombres...


 

 On comprend alors mieux que le Japon, la poterie qu'elle fait en silence, au milieu de Japonais avec qui elle n'échange pas de mots, mais avec qui elle se sent en confiance, en harmonie, la mette en paix avec elle même, au moins temporairement...

 

                            photo extraite du site de Sylvie guillem

 

 


 

A lire :

 

Sylvie Guillem : portrait

Sylvie Guillem : analyse

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30 juillet 2006 7 30 /07 /juillet /2006 08:37

 Voici le plus beau film qu'il m'ait été donné de voir sur le métier de danseur à l'opéra de Paris. Il est dû à Nils Tavernier ( le fils du père!) qui a eu l'exceptionnelle autorisation de suivre le ballet de l'opéra de paris dans sa tournée au Japon et dans son travail quotidien de cours, de répétition, de filage, de préparation. Réaliser en 2001, on voit les répétitions de Doux mensonges de Kyllian, du lac des cygnes, version Noureev, de la Sylphide, remontée par Pierre Lacotte, et de la 9ème symphonie par Béjart, qui cette année là était donnée à Bercy devant des milliers de gens.

Là où le film est fabuleux, c'est qu'il montre de tout près un travail quotidien passionné, réalisé par des athlètes qui sont artistes. Car le métier de danseur classique demande une énergie, une puissance, un sens de la perfection hors norme.

G Thesmard, coach et répétitrice, explique bien que l'école de danse de l'opéra de Paris où sont formés 90 pour cent des danseurs du ballet  "est une machine à broyer les faibles"...

sans commentaire, n'est ce pas?

Nils Tavernier offre plein de magnifiques portraits de danse, et donne la parole aux danseurs qui, d'habitude plutôt discrets, se confient volontiers à lui, car il a su gagner leur confiance... Romoli, Hilaire, Legris, Dupont, Lestetu, Osta, Laure Muret, Platel, A Lamoureux, N Pontois, M kudo et tant d'autres...  confient leurs joies, leurs peines, leurs souffrances physiques et morales, leurs amitiés, mais surtout, leur passion de danser.

Ainis, M A Gillot qui était encore premiere danseuse et qui depuis est devenue étoile dit :" Danser et aimer, je ne peux pas les mettre sur le même plan, parce que danser... ( elle cherche les mots) c'est encore plus fort qu'aimer....!"


 

 

le film est réalisé avec une grande sensibilité. De petits portraits de danseuses du corps de ballet montrent par instant la difficulté de " tenir" la scène. On les voit complètement essoufflées dans les coulisses, on voit les pieds abimes et pansés, la limite physique atteinte de garçons sortant de scène et mettant plusieurs minutes à récuperer leur souffle...

J'avais vu ce film magnifique en salle en 2001, plusieurs fois, en découvrant l'envers du décor, car la caméra se glisse discrètement dans les coulisses, entre les rangées de cygnes répétant, dans les loges, dans les ateliers de couture, de costumes...

 Et puis, on comprend mieux ce qui fait la richesse de l'opéra de Paris : non seulement ses danseurs exceptionnels, mais surtout l'ouverture à de très nombreux chorégraphes contemporains qui travaillent et créent pour l'opéra de Paris sur invitation. Ainsi la vocation du ballet de l'opéra de Paris est double : d'une part, conserver intact le répertoire ( les grands ballets, dont la transmission est purement orale, et se fait via les maitres de ballet, qui ont été danseurs et à leur tour transmettent, sont la mémoire de la danse, et d'autres parts,  participer à la création en danse.

Le film parle aussi de pleins de choses de la vie de tous les jours : comment être parent et concilier un métier aussi prenant, l'amitié au sein du ballet, avec des êtres qu'on connait depuis l'école de danse, le monde clos que cela représente, la rivalité, qui existe depuis l'école et dure, d'une certaine manière tout la carrière... mais avec tact, délicatesse, et surtout un profond respect des êtres humains que sont avant tout les danseurs.

Moment émouvant, on voit aussi le départ à la retraite de E Platel, (à 42 ans, pour les danseuses, qui entrent en général dans le corps de ballet vers 16 ans)...

 


 

 

Cette photo montre la sortie de scène des quatre grands cygnes, complètement essouflés, et la mise au point des quatre petits cygnes qui dansent bras croisés et qui essaient de trouver la meilleure position des bras et du corps pour ne pas se gener mutuellement tout en conservant un ensemble parfait...

Les coulisses sont un monde étrange qui grouillent de vie, de danseurs qui s'échauffent, se concentrent, récupèrent leur force, se font recoudre en quatrième vitesse un chausson qui lâche ou un tutu qui se dégraffe...

 j'ai acquis ce film en dvd, et c'est toujours un plaisir de voir les danseurs au travail. A chaque fois, je suis confondue d'admiration pour ces danseurs qui visent à la fois la perfection technique et artistique, et restent modestes la plupart du temps, car chaque matin, à la barre, ils refont le même travail que la veille et prennent conscience de tout ce qu'ils ont encore à acquérir pour maintenir ou ou accéder à la perfection.

Car comme le dit W Romoli, " lorsque le sens artistique commence vraiment à mûrir, le corps, lui, commence tout doucement à perdre sa force, sa puissance..."

Bref, tout près des étoiles... le titre est bien trouvé, car c'est vraiment un voyage au milieu d'elles que nous offre Nils Tavernier....

Merci à lui!


 DVD facilement disponible

A lire aussi : le ballet de l'opéra de Paris

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26 juillet 2006 3 26 /07 /juillet /2006 07:58

 

Suite aujourd'hui!

Je voudrais me plonger dans mes souvenirs de danse pour tenter d'expliquer l'originalité, le génie de Sylvie Guillem.

Sa technique époustouflante, sa souplesse phénoménale, seuls, sont déjà des points de repère, mais cela n'en ferait pas une artiste hors norme s'il n'y avait pas autre chose. Qu'est ce alors que cet autre chose?

Son intelligence!

Son intelligence mis au service de sa technique et de sa virtuosité!

Guillem ne danse pas les rôles simplement pour les incarner. A chaque fois, c'est un défi immense : elle réfléchit, elle écoute la musique, et au final, elle donne une vision du personnage totalement inattendu.

 


 

Ainsi, le rôle d'Aurore de la Belle au bois dormant. Ce rôle, je l'ai vu de très nombreuses fois par des danseuses exceptionnelles comme Noella POntois. Et bien,quand je vis Guillem le danser, j'ai été surprise, amusée, éblouié, émue, déroutée, emportée, au final.

Aurore est une princesse de 16 ans, qui refuse les princes choisis par ses parents, se pique pour accomplir la malédiction , s'endort 100 ans, est réveillé par un prince. 

Ce ballet énumère les moments virtuoses : l'entrée, pas évidente, puisque Aurore est attendue par tout le public depuis 30 minutes qui retient sou souffle dès qu'elle arrive,   le célèbre adage à la rose, au premier acte, tout en équilibres et en développé seconde, la cabalette, juste avant d'être piquée, pleine de retenue, de grâce, d'élégance, puis de vivacité ( succession de pas à s'en emmêler les jambes). Les variations de l'acte deux sont tout en poésie, puisque le prince va découvrir la princesse grâce à la Fee Lilas, dans une vision de rêve, et puis, la merveilleuse variation du troisième acte,  et les pas de deux, éblouissants! Le rôle d'Aurore est fabuleux pour une danseuse car il commence à l'adolescence et s'épanouit " femme".

Qu'en fait Guillem? A Bastille, la dernière fois, ( et dieu sait qu'elle a été critiquée) elle a revu : les tempi, (elle les a vraiment changé par rapport à ses collègues danseurs, notamment la fin de la caballet, dansé deux fois plus vite, ce qui exige une grande maitrise, une grande sureté, car déjà, dansé lentement, c'est " casse cou", mais là, cela relève de l'exploit. Et pourtant, seuls les balletomannes peuvent vraiment saisir à ce moment je pense, le défi relevé par Guillem, car elle le faisait sans effort, comme en s'amusant!

Elle a aussi changé  des accessoires,  et la conception du personnage :

outre à certains moments, un tempo excessivement rapide et inattendu, elle n'a pas voulu    de bouquet de fleurs tendu par maléfique et dans lequel serait dissimulé le fuseau, comme le voulait Noureev,  mais un fuseau, tout court!

Quand au personnage, elle incarne comme le veut le rôle , la lègéreté, la grâce, la fraicheur, mais pas "l'innocence ou inexpérience d'une jeune princesse ( une peu niaise)" l'espièglerie ( ce que je n'avais jamais jamais vu dans le rôle!) et aussi assurance : Aurore, vu par Guillem,  sait déjà ce qu'elle veut!

  Du jamais vu non plus, car souvent les danseuses interprètent Aurore comme une jeune fille un peu timide, qui s'en remet encore à ses parents : et c'était merveilleux, car le rôle d'Aurore, irrigué par une pensée puissante et  intelligente, une technique sûre, une interprétation originale, en était tout vivifié, tout rafraichit!

 Quand Guillem se donne tout entière à un rôle, c'est inoubliable, et toutes les autres interprétations qu'on a vu ne palissent pas en comparaison, mais s'éclairent autrement!

 

Même chose pour sa conception du cygne noir : toutes les danseuses le dansent " maléfique". Le cygne noir est perfide et séduit "mauvaisement" le prince.

Pas avec Guillem : son cygne noir est facétieux, séduisant dans la légereté, et se joue avec délice et ironie de ce prince perdu dans ses rêves : et ça fonctionne à merveille!

Guillem dit deux choses :

" les grands rôles du répertoire classique vont avoir besoin de danseurs sacrément intelligents dans les décénies à venir s'ils ne veulent pas finir aux oubliettes!"

et " quand vous finissez par trouvez Giselle sotte, quand vous en avez assez de danser une cruche sur l'épaule comme Nikya, il faut alors aller voir ailleurs!"

Ce qu'elle fit : Béjart, dans sissi impératrice anarchique, lui offre un rôle d'impératrice un peu folle, qui danse aux confins de la névrose. Tout commence en crinoline, et s'achève dans le drame.

 


 

Puissant et magnifique!

Là, j'ai hate de la découvrir dans les pièces de Maliphant, chorégraphe de génie qui mèle capoéira, yoga, art martial, techniques de danses au pluriel...

Elle va encore me surprendre, et à coup sûr, m'emporter!

Merci à elle!

 


 

a venir :

Sylvie Guillem ( 3)  livre, dvd, articles, ou cassette video sur Sylvie Guillem

Guillem vu par elle même

Guillem et Rudolph Noureev.

 


 

A lire : Sylvie Guillem ( Portrait)
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23 juillet 2006 7 23 /07 /juillet /2006 08:28

Prima Ballerina asboluta....

Nul n'est besoin de présenter Sylvie Guillem, l'une des danseuses classiques les plus célèbres, voir les plus populaires de notre époque...

Aujourd'hui encore, à quarante ans passés dont trente uniquement dédiés à danser, elle parcourt le monde entier et se produit sur toutes les scènes du monde, ses préférences allant au Japon, à Londres,où elle vit, à l'Italie... à Paris, mais presque plus jamais à l'opéra dont elle claqua la porte il y a longtemps déjà.

Sylvie Guillem est un cas unique dans la danse.

Elle a commencé par une formation de gymnaste... un hasard l'a conduite à faire un stage de danse à l'opéra de Paris... ce qui scella son destin.

Très vite, elle gravit tous les échelons de cette structure hyper hierarchisée : à 19 ans, elle était sujet... Noureev dirigeait alors la compagnie de l'Opéra. Il avait bien vu qu'elle était hors norme : technique magnifique, que peu de danseurs possèdent, puissance, grâce, musicalité, précision extrême des pieds, ampleurs des sauts, perfection des fouettés, petits pas exécutés à la perfection ce que sa grande taille devrait lui interdire, et puis, ligne extraordinaire : exactement celle de Sissi : 40 kilos pour un mètre soixante dix. Elle n'a pas l'air maigre, tant son corps est longiligne, avec des jambes extrêmement longues et un bassin très étroit, ce qui lui donne cette capacité visuellement bluffante de lever la jambe à 180 degré...

cette " excentricité" technique lui vaut les foudre d'une partie de la critique, mais l'admiration béate d'un public ébahi par ce qu'il ne peut faire...

Bref, Noureev lui confie alors un rôle d'étoile : le cygne, et le soir même, la nomme étoile... pied de nez à la hiérarchie de l'opéra, qui aurait voulu qu'elle passe d'abord le concours de promotion pour être première danseuse... et reconnaissance d'un talent hors norme...

 


 

Quand j'ai appris sa nomination d'étoile, je n'ai pas été contente du tout. J'attendais que ma favorite d'alors, Karine Averty, soit nommée...  dans les rôles qu'elle avait dansés ( en tant que soliste) elle ne m'avait pas emballée... elle avait dansé la reine des dryades, sans soulever mon admiration plus que cela; je n'aimais pas son style, je la trouvais trop grande... trop moderne, en fait, pas assez ballerine classique.

Et puis, il y eu un reportage sur elle à la télé ( être étoile à 19 ans, c'est tellement rare!) et là, je la découvris vraiment... dès que je le pus, j'allais la voir danser : je m'en rappelle encore, c'était dans Raymonda... ce qui m'étonna le plus alors, ce fut le silence qui régna dans la salle pendant ses solos :  on aurait cru que plus personne ne respirait... jamais je n'avais vu personne se jouer des difficultés techniques avec tant d'aisance, sans jamais sembler souffrir de l'effort physique, et rester aussi musicale, même dans les passages les plus compliqués...

Puis j'allais la voir régulièrement, tant qu'elle resta à l'opéra : inoubliable Roméo et Juliette. Plus jamais depuis, je ne l'ai vu danser ainsi!!! mais elle ne pouvait y rester longtemps. Sylvie Guillem travaille très vite et le rythme de l'opéra était trop lent pour elle. Elle finit par partir.

 

Quelle déception pour le monde de la danse, de savoir que dorénavant, il faudrait attendre ses passages à Paris pour la voir danser...

L'un d'eux reste gravé dans ma mémoire à tout jamais : elle dansa au théâtre des champs Elysées Boléro, la Luna, tous de deux Béjart, un pas de deux créé pour elle par Forsythe, In the Middle, et puis Sissi, impératrice anarchique, solo de quarante minutes réglé pour elle par Béjart....

inoubliable... Sylvie, à partir de là, compris que le monde du ballet classique lui permettait aussi de danser tout ce qu'elle aurait envie de danser... elle travailla alors avec tous les grands chorégraphes d'aujourd'hui. Certains, comme Bejart, Forsythe, Mats Ek, et aujourd'hui Maliphan, réglèrent des chorégraphies pour elle.

 


 


 

 

 

 

Je n'aime pas tout chez Sylvie... je ne suis pas une groupie transie d'admiration... c'est un peu comme la Callas. C'est ma chanteuse d'opéra préférée, mais je n'aime pas tous ses rôles. Dans certains, elle m'horripile!

Ainsi, sa Carmen ( chorégraphie de  Mats Ek) ne pas du tout plu, je n'y ai vu qu'une démonstration technique, la saison dernière au Chatelet. Ainsi sa Giselle, que je trouve à mille lieues de ma vision de ce personnage...  bref, parfois Guillem m'insupporte!

Mais je retourne toujours la voir danser, car je suis sûre d'être toujours étonnée, surprise avec elle...

C'est justement ce qu'une partie de la critique lui reproche : s'emparer d'un rôle et le faire sien. Ce dont se défendait Sylvie il y a une dizaine d'années : " non, je ne mets pas ma griffe sur un rôle, mais je le danse comme je le sens au plus profond de moi".

" Sylvie Guillem ne respecte pas la tradition, " disent les critiques..

 -La tradition???!!!!! se revolte Sylvie, pour qui la tradition est la mort de la danse.

Cela demande un courage énorme car il lui faut aller au bout de ce qu'elle croit, même quand dans les vestiaires, entre deux actes, on vient lui dire que ça ne va pas... que ce qu'elle fait n'est pas dans le style, qu'elle bafoue   la tradition ... elle doit resister à une grande pression d'êtres qui la critiquent, qui voudraient la ramener vers plus de mesure...

A Paris, Ghislaine Thesmard reste son coach... elle corrige techniquement ce qui doit l'être, mais surtout, elle la laisse être elle même... 

Ce qui la ressource le plus, c'est de faire de la poterie près d'un maitre zen au Japon. Aucun mot n'est echangé, dit elle, mais il se passe une foule de choses.

Elle dit encore que sur scène, elle se sent libre...

Bref, Sylvie Guillem est une artiste hors du commun.

Elle sera à Paris, au Champs elysées, cet hiver, dans des chorégraphies du génial russel Maliphan...

j'y serai aussi!!!!

( à suivre)

 


 

 a venir : Sylvie Guillem ( suite)

russel Maliphan

site officiel de Sylvie Guillem : www.sylvieguillem.com

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7 juillet 2006 5 07 /07 /juillet /2006 18:12

Al C'est mon dernier article avant un moment, et je compte bien écrire un compte rendu sur la formidable soirée Alvin Ailey que j'ai vue hier, 6 juillet!

C'était une soirée fabuleuse, comme toujours avec cette compagnie, et j'ai eu un énorme coup de coeur pour une artiste fabuleuse qui s'appelle Dwana Adiaha Smallwood. Elle a été sensationnelle, et mes mots ne rendront pas hommage à son immense talent, et surtout son immense " expressivité, générosité, énergie, élégance, beauté!"

Dwana hier a dansé d'une manière sublime :elle a tout donné!

Non seulement, elle déborde d'énergie, mais celle ci est toujours gérée avec une beauté stupéfiante. Elle portait cette longue robe blanche à volant que toutes les interprêtes de Cry ont portée, Judith Jamisson la première, celle pour qui Alvin Ailey lui même régla la chorégraphie.

Dwana occupe toute la scène quoiqu'elle fasse, et à ce moment, je me suis rappelée la phrase de Martha Graham : le centre de la scène, c'est là où je suis!

C'est littéralement ce qui s'est passé avec cette artiste : on ne peut pas la quitter du regard une seconde, on ne pense à rien, on la suit, subjuguée et on partage chacune des émotions qui la traverse : souffrance, haine, peine, chagrin, espoir, amour, résignation, hostilité...

Le solo est très long, près de vingt minutes, et elle a finit fraiche comme une rose!

Ses bras, ses doigts sont pleins d'energie, de force, de vie, mais sans tomber dans quelque excès que ce soit : non, tout est au service de l'art, de l'expressivité, de la beauté!

Et pourtant, la cadence des mouvements, excessivement rapide, pourrait transformer ce solo en frénésie un peu hystérique!

Pas avec Dwana qui a une écoute magnifiquement musicale : tout tombe parfaitement avec la musique, comme si c'était son corps qui la générait, et non l'inverse!

Dwana est un phénomène, une artiste exceptionnelle. Elle est dans la compagnie depuis 1995... elle en est l'âme, en partie!

Quand à Cry, voici ce qu'écrit Alvin Ailey : " ce ballet est dédié à toutes les femmes et plus spécialement à nos mères"

et Judith Jamisson, pour qui il a été créé dit :" cette femme représente toutes celles qui ont vécu  les horreurs de l'esclavage, enduré la souffrance lié à la perte d'êtres chers,  et surmontés des épreuves et des obstacles hors du commun"

Voici le beau visage de Dwana :


A venir : compte rendu de la soirée du 6 juillet

A lire sur ce blog : Alvin Ailey à Paris.

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26 juin 2006 1 26 /06 /juin /2006 19:35

 Pour une fois, je vais laisser la chorégraphe elle même parler. Ce texte est extrait d'un ouvrage fantastique qui s'intitule " Mémoire de danse" par Martha Graham. J'aurai l'occasion de vous en parler souvent, mais aujourd'hui, je voulais vous présenter Lamentation par la voix de Martha.


 

Lamentation, ma danse de 1930, est un solo ( sur une pièce pour piano de Zoltan Kadoly, compositeur hongrois du XXème) dans lequel je suis vêtue d'un long tube de tissu pour suggérer la tragédie qui hante le corps, cette capapcité que nous avons de nous dilater à l'intérieur de notre propre enveloppe, de percevoir et de mettre à l'épreuve les contours et les limites de l'universelle douleur. J'étais en coulisse, en train de me déshabiller et de me démaquiller, lorsqu'on frappa à la pore. Une femme entra dans ma loge. Elle avait manifestement beaucoup pleuré et elle me dit : " Vous ne sauez jamais ce que vous avez fait pour moi ce soir. Merci!"

Elle partit avnt que j'aie pu lui demander son nom. J'appris par la suite qu'elle avait, peu de temps auparavant, perdu son fils de neuf ans, tué sous ses yeux par un camion. Elle était incapable de pleurer. Quoiqu'on tente pour elle, elle était demeurée incapable de pleurer jusqu'au moment où elle avait vu Lamentation. Ce que j'appris ce soir là, c'est qu'il y a toujours une personne dans le public à qui on parle.  Une. Tout ce que je demande, c'est une réaction, positive ou négative.

Une autre fois, dans le Sud, Lamentation suscita une réaction tout à fait différente. Je dansais sur une petite scène dans un club féminin très select. Une vieille dame se leva en grommelant et descendit vers moi la travée de l'auditorium. Elle posa les mains sur la scène et me regarda. Puis elle se détourna et sortit. Ce fut tout... mais je terminais la danse."

 


 


Juste pour dire que cette chorégraphie date de 1930....

vraiment étonnante cette Martha, surtout quand on regarde ses débuts à la Denishawn : la danse pour Ted Shawn et Ruth Saint Denis était décorative, exotique, et mystique... Graham a travaillé seule et sans relâche pour faire naître Sa danse.

 

De plus cette femme a quelque chose en commun avec Rachel Brice : comme elle, elle est née à San Francisco!


A venir : Martha Graham et la modern dance

              Mémoire de danse et commentaire

             Portrait

            Quelques oeuvres chorégraphiques inoubliables...


Savez vous que ?

une de ses dernières élèves fut Madonna, qui d'après Martha Graham avait une personnalité affirmée

que son studio de danse fut loué par Woody Allen pour un de ses films.Martha  trouva le studio si terne qu'elle le fit repeindre...

et enfin, que pour elle, une femme doit avant tout danser... avec son vagin. 

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25 juin 2006 7 25 /06 /juin /2006 19:07

  Qui est t'elle?

C'est Marie Taglioni!

A t'elle un rapport avec Giselle?

Oui, indirectement... Marie Taglioni est la première danseuse a être montée sur pointes...on n'imagine pas aujourd'hui de danseuses classiques sans leurs pointes, ces chaussons sur lesquels elles se hissent en équilibre, et qui rendent la silhouette tellement aérienne!

Cette invention date du début du romantisme en France. 1831 :   création de la Sylphide, ballet qui annonce Giselle à sa manière... La Sylphide raconte l'histoire au féminin de Trilby, petit esprit malicieux qui vivait dans une demeure écossaise et était secrètement amoureux de la maîtresse de maison. Nodier en a un fait une nouvelle très romantique, qui s'achève par la mort du malheureux et inoffensif Trilby...

La Sylphide est sa " soeur" et est à l'origine du premier ballet où apparaissent tutu long, comme sur la photo,  tulle, tarlatane, corsage, fleurs, et couronnes sur la tête. Voyez comme l'image de l'époque rend totalement immatérielle la danseuse : ses pieds sont minuscules, elle semble voler, être totalement à l'aise dans l'air... son rapport à la Terre, à la matière, est inexistant. Elle incarne la femme qui ne peut exister... un être idéal, doté de petites ailes fragiles et graciles qui lui permettent de se mouvoir, invisibles, autour des vivants qu'elle taquine gentiment...

Giselle utilisera tous ses éléments, pointes, tutus, ailes, mais en plus le voile : voilà, la panoplie de la robe de mariée voit le jour entre 1830 et 1840. Ce costume est porté par des êtres irréelles qui finissent tragiquement... curieuse coïncidence qui me fait mieux comprendre pourquoi,  depuis l'enfance, je me suis toujours dit que si je me mariais, ce cerait en robe rouge à taffetas, comme les danseuses espagnoles!!!

Je veux de la passion, pas de la virginité qui finit dans la tombe!!!!

 


 

Mais revenons à nos esprits!!!

A noter aussi que la coiffure de Giselle ne sera pas la même : chignon relevé en frisettes autour du front, pour la Sylphide, dégageant la nuque et qui donne un côté espiègle, gai, bandeau plat autour du visage et chignon bas pour Giselle : ces détails ont leur importance : on est passé du léger, du gracile, au grave, au sérieux, au drame... même la coiffure recouverte du voile, celui de la virginité, celui du mystère, celui des fantômes... qui sera celui de la mariée... apporte non du rêve, mais de la douleur. Les manches tombent sur les épaules et flottent, tout va vers le bas...

C'est un prodige qu'un simple costume, à lui seul, exprime déjà tant de choses : le costume de la Sylphide, avec ses fleurs bleues, le collier de perles autour du cou, est gracieux, séduisant;  la Sylphide est vivante, mais désincarnée. ( Voir aussi photo plus bas)

 Le voile, les ailes basses, les manches tombantes de Giselle expriment une douleur, un deuil consommé... Giselle est une morte.... encore amoureuse, comme dans la nouvelle de Hoffmann...

Quand aux petites ailes, qui donnent une dimension angélique à la Sylphide ( voir la photo de Marie Taglioni) elles n'ont plus du tout la même dimension dans Giselle ( voir ci dessus Markarova en 1944) : elles ne sont plus accrochées droites et bleues, assez haut sur le tutu, comme des ailes de paon. D'ailleurs, lorsque la Sylphide meurt, ce sont ses ailes qui tombent en premier, signifiant au petit être ailé sa fin proche. Elles les prend dans ses mains, comprend sa fin proche,  pleure  et nous avec...

 

Dans Giselle, les ailes ont un côté fantômatique, dramatique... elles sont là pour que les Willis s'envolent la nuit comme les phalènes et tourmetent les voyageurs égarés...

Les ailes sont blanches, diaphanes, mais elles sont aussi communes aux êtres démoniaques, chauves souris, diables ailés...  les willis  appartiennent en partie  à ce monde démoniaque des damnés éternels... leurs ailes ne sont plus celles des anges...

 

 Marie Taglioni sur pointes pour la première fois dans la Sylphide

Mais revenons aux pointes : on n'imagine pas aujourd'hui quelle révolution se fut que de se hisser dessus. Les pointes n'avaient pas la solidité d'aujourd'hui et obligeait la danseuse à puiser toute sa force dans ses pieds et ses mollets...

L'attitude de Markarova et de Marie Taglioni est la même ( regardez les deux photos)  : petite arabesque basse sur pointe. Mais vous observez que  la pose de Marie est celle d'un être léger et joyeux, comme le sont les lutins : comment des pieds aussi minuscules peuvent porter une danseuse?

C'est qu'elle vit d'air et de vent... sans doute est ce la raison qui a fait que depuis toujours les danseuses classiques recherchent la minceur absolue : non seulement, c'est plus facile pour elles de monter sur pointes quand elles sont légères, mais de plus, elles ne blessent pas leur partenaire qui les porte, et qui est un critère de recrutement au sein des ballets; de plus, elles appartiennent du coup d'office au monde des êtres immatériels  et irréels!

Marie Taglioni explique qu'elle a travaillé d'arrache pied sous la férule de son père qui lui imposait deux heures d'exercices le matin, deux après le dejeuner et deux le soir, plus les spectacles. " Quand je n'en pouvais plus, dit elle, je comptais encore jusqu'à 100 pour gagner en endurance"

Effectivement, elle fit faire un bond énorme à la technique classique...

J'en reparlerai bientôt,en commentant un peu l'esthétique de la gestuelle de Giselle...

 


 

 A venir : Giselle et la gestuelle romantique.

               Les grandes interprètes

               Liste  de Dvd de Giselle a avoir à tout prix!!!

 


 

A lire aussi : Willis, conte gothique par shana

                       Le ballet romantique : Giselle ( 1)

                      Giselle, esthétique d'un ballet ( 2)

 L'envol des Willis la nuit au clair de lune : l'arabesque.

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22 juin 2006 4 22 /06 /juin /2006 10:13

 

La première fois que mon professeur d'allemand m'a lu le Roi des Aulnes de Goethe, j'ai failli m'évanouir. Oui, je sais, c'est risible! Et pourtant mon histoire est vraie. Ce conte m'a plongée dans quelque chose de profondément morbide, qui m'était parfaitement familier! La même année, je découvrais Giselle sur la scène du théâtre de ma ville avec la plus extraordinaire des interprêtes : Noella Pontois. Je mis plusieurs mois à m'en remettre là aussi.

Trente ans ont passé et rien n'a changé: la magie opère toujours de la même manière. Dès que j'entends les premières notes au piano du lied de Schubert, ou dès que je vois le cimetière où repose Giselle, je suis prise par une émotion très intense, de celles qui vous nouent la gorge et vous empêchent de parler. Et si les interprêtes sont à la hauteur, je finis profondément émue. Je n'aime pas me lever pendant l'entracte, j'ai l'impression de perdre Giselle.

Bref cette oeuvre est vissée à mon âme en quelques sortes : je connais la chorégraphie par coeur et pourrais la danser si j'avais la technique.

 


 

 

 

Bien sûr, on peut accorder la perénité de ce ballet au fait que plusieurs choses réussies ont été réunies : la musique, déjà, simple, limpide, avec des thèmes fluides et chantant,  accompagne un livret à la grande force dramatique : l'histoire banale et un peu " niaise" d'une paysanne aimée d'un prince déguisé, sombre tout à coup dans l'horreur, la folie et la mort à la fin de premier acte qui nous a régalé de baisers, de pas de vendangeurs, de chasses à cour... divertissements simples, sans prétention...

Au second acte, tout a basculé: les couleurs se sont enfuies... la vie a fait place à la mort et aux ombres. La forêt parée des couleurs d'automne ou passaient de chatoyants costumes de chasse au premier acte,  est à présent peuplée de follets blancs et de tombes noires dont les croix se dressent, maléfiques, près d'un étang où se mirent la lune et les étoiles...

Le second acte   blanc et noir met en scène des personnages fantômatiques; plus de vendangeurs, de paysans, de jupes fleuries.  Les willis, toutes de tulle blanc vêtues,  dessinent sur le sol des figures étranges et magiques. Leurs jupes   volent autour de leurs pieds qui effleurent le sol. Pleines de haine,  ces pauvres fantômes assoiffés de vie, d'amour, et de danse,  obéissent à leur reine quand Hilarion, un garde chasse qui a aussi aimé Giselle s'égare la nuit : elles le tuent sans aucune pitié:

 

 

 

Mais Albrecht, le prince, ne subira pas le même sort que Hilarion. Giselle le protégera car elle lui a pardonné, ce que ne peuvent faire ni Myrtha, ni les Willis, ses compagnes.

Myrtha a fait sortir Giselle de sa tombe. Elle lui brandit la myrthe, dont le symbole est : " n'oublie jamais". Elle  exhorte  Giselle à la haine, sans succès. Car  l'amour est plus fort que tout. Et c'est là, en partie, que le romantisme explose: dans la juxtaposition d'un sentiment amoureux qui ne peut se liberer que dans la mort, dans l'audelà, au royaume des êtres désincarnés... car l'amour, comme le bonheur, pour les Romantiques, n'est pas de ce monde, et la mort, ses mystères, ses secrets les fascinent tout autant que ses êtres fantômatiques qui reviennent parfois pour aimer ou tourmenter les vivants... Nerval était supersitieux, Gauthier, voyait des fantômes un peu partout, et Hugo faisait tourner les tables dans l'espoir de parler avec sa fille défunte... La réalité n'est pas loin de leurs écrits... Wagner portera ce thème de l'amour rédempteur dans tous ses opéras, dont un, contemporain de  Giselle : le Vaisseau Fantôme. Encore un fantôme, encore une femme aimante, encore la mort... la mort qui réunira aussi Tristan et Isold.

Ce second acte, dit acte blanc,  inspirera profondément, plus de trente ans plus, Marius Petipas, un danseur marseillais exilé en Russie. Il s'inspirera de cet acte blanc de Giselle pour créer le magique acte blanc des ombres de la Bayadère. Devant le succès, il crééra deux actes blancs dans le Lac des Cygnes, qui est l'écho russe du ballet français... 


 

 

 

 

 

Le rôle de la croix de la tombe de Gisèle n'est pas anondin. La foi est là, pas forcément une fois chrétienne fidèle à l'Eglise d'alors, mais une foi pleine de superstitions,  d'images de Croisades qu'on réinvente  (Delacroix), une foi, où, s'il n'est pas de rédemption possible, l'âme brûlera éternellement en enfer, où deviendra la proie de sorcières qui battent le sabbath ( Berlioz, Hugo)

Là, sous la croix, Albrecht est protégé et la Reine des Willis ne pourra rien contre lui. Lorsque l'aube blanchira enfin d'une pâle lueur le ciel entre les arbres, les Willis regagneront leurs tombes, Giselle et Myrtha la leur. Il ne restera dans les mains d'Albrecht que des lys blancs, déposés par Giselle...

A-t-il rêvé? Il ne le saura jamais...


A venir Carlotta, Théophile et Henrich!

La willis, conte gothique ( par Shana)


A lire sur ce blog :

Giselle : ( 1)

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20 juin 2006 2 20 /06 /juin /2006 21:46

Boléro, ah, Boléro!!!!

Je l'ai vu dansé hier par Nicolas Leriche!

Cette oeuvre me submerge toujours à tous les coups!

Musicalement parlant, déjà. Je ne m'en lasse pas, même lorsque c'est simplement un disque qui joue.

Mais en plus, lorsque l'on peut voir la chorégraphie! Alors là, c'est la magie pure du mouvement et de la musique en parfaite adéquation.

Bien sûr, parmi tous les interprêtes que j'ai vus, Jorge Donn ( photos) et sa démesure, son regard fou et ses gestes exaltés reste ma référence. La chevelure de Sylvie Guillem qui flamboyait au dessus de la table rouge,  ses longues jambes qui marquaient l'oscillation de la musique, son corps souple comme une liane mais avec une force dans sa danse toute masculine,   restent aussi complètement inoubliable!!!

 

 

Et puis hier Nicolas Leriche, plus en retrait par rapport aux deux danseurs cités - en tous cas le soir de la première, car je sais que sa danse va évoluer au fil des représentations - mais avec une intensité émotionnelle qui n'appartient qu'à lui. Plus de félinité, moins d'érotisme, peut être... mais un engagement d'une sincérité!

De toutes façons, on ne peut pas tricher avec Boléro... ! Si le danseur ne s'engage pas entièrement dans la danse, celle ci devient tout à coup banale, vidée de son sang, de sa sèven...

Hier, le corps de ballet a apporté la dose de sensualité, de force, d'orient qu'il fallait ! 

On dirait un rite : un danseur danse sur une table, et les gestes vont être répétés à l'infini par des garçons qui se lèvent par groupe de deux, de six, et qui amplifient le rythme obsédant de l'orchestre... le ballet procède par vague successive et la dernière vous engloutit tout entier!!! Vous, la musique, l'orchestre, les danseurs, tout le monde fond ensemble!!!

Simplement magique!

 


A lire aussi sur ce blog:

Béjart à Paris, présentation de Boléro :

 

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