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  • : Un jour, une œuvre
  • : Créé en 2006, ce blog rédigé par Valérie Beck autrefois consacré à la danse et à ma compagnie se diversifie davantage.
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Noureev

 

Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

marie-taglioni-in-zephire.jpg

8 mars 2014 6 08 /03 /mars /2014 23:00

 

Voici une liste des principaux articles consacrés à des oeuvres chorégraphiques. Il suffit de cliquer sur le lien pour lire l'article correspondant.

 

 

 

Béjart

 

Le Boléro 1

Le Boléro 2

 

Le Mandarin Merveilleux

 

 

Noureev

 

Casse Noisette 1

 

Casse Noisette 2

 

Raymonda

 

Cendrillon

 

Roméo et Juliette

 

La Belle au bois Dormant

 

 

 

Ballets Romantiques

 

 

Giselle 1

Giselle 2

Giselle 3

 

 

Martha Graham

 

Lamentation

Errand into the Maze

 

 

Petipa/ Lacotte

 

 

La fille Du Pharaon

 

 

 

Carolyn Carlson

 

Signes

 

 

Belarbi

 

 

Hurlevent

 

 

Cocteau Chanel Nijinska

 

Le train Bleu

 

 

Prejlocaj

 

Médée

 

 

Mats Ek

 

 

Appartement

 

 

 

 

Nicolas Leriche

Caligula, Nicolas Leriche, à l'ONP du 16 au 28 mars

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8 mars 2014 6 08 /03 /mars /2014 10:16
Listes des chorégraphes

 

Voici la liste ( non exhaustive) des différents chorégraphes et de leurs oeuvres vues depuis 2004.

il suffit de cliquer sur le lien pour accéder à l'article

 

 

Alvin Ailey

Alvin Ailey à Paris en 2003

 

Pina Baush

Le sacre, compte rendu2010

 

Maurice Béjart

Béjart 1

Béjart 2

Béjart 3

Béjart 4

Béjart 5 - mandarin, phrase de quatuor, oiseau de feu  2005

Béjart 6   mandarin, Boléro, Variation 2006

Béjart 7

 

Kader Belarbi  

Hurlevent , présentation

Hurlevent

Hurlevent

Hurlevent, compte rendu 21 sept 2007

Hurlevent, compte rendu  mars 2005

Hurlevent, deuxième compte rendu mars 2005

Hurlevent, compte rendu

 

 

Trisha Brown

O Slozony, o composite, compte rendu  déc. 2004

 

 

Bombana

La septième lune, compte rendu

 

Carolyn Carlson

Signes, présentation

Signes, les adieux de belarbi

Signes, compte rendu

 

 

Cranko

Onéguine, compte rendu 2011 Osta Pech

Onéguine, compte rendu 2011 Ciaravola Ganio

Onéguine, compte rendu 2014 adieux Ciaravola

 

 

Martin Chaix

Le danseur 

Winterreise

 

Mats Ek

La maison de Bernarda, une sorte de

 Appartement - Mats Ek - 13 mai 2012 ONP

Appartement, présentation

 

 

Bob Fosse

Bob Fosse 1

Bob Fosse 2

Bob Fosse 3

 

Mia Frye

Mia frye, souvenir

 

 

Loie Fuller

Chorégraphe et plasticienne

 

 

Jiri Kylian

Stepping Stone, compte rendu  2004

Doux Mensonges, il faut qu'une porte - compte rendu

Kaguyahine, Letestu 2013

 

 

JC Gallota

Nosferatu, présentation à Bastille

Nosferatu, compte rendu 8 mai 2006

Nosferatu, Kudo/Martinez 2006

 

 

Martha Graham

 Lamentation

A paris en 2008

A paris en 2009 errand into the maze

 

 

MC Grégor

Genus, compte rendu  2007

 

 

 

 

Gregorovitch

Ivan le Terrible, compte rendu 2004 - Martinez/ Abbagnato/Paquette

 

Pierre Lacotte

La fille du Pharaon

Marco Spada

 

 

Mac Millan

L'histoire de Manon,  2003 Sylvie Guillem

L'histoire de Manon, Ciaravola/Ganio

 

Benjamin Millepied

Triade, compte rendu 

triade, 2008

 

 

 

John Neumeier 

Neumeier, chorégraphe

Sylvia, compte rendu,   12 et 27 mars 2006 

La petite sirène

La dame aux camélias, compte rendu 2013 Ciaravola/Paquette

La dame aux Camélias et Isabelle Ciaravola

La dame aux camélias, compte rendu 2010

 

 

 

Nicolas Leriche

 Caligula 1

Caligula 2

Caligula 3, florilège de critiques stupides et bâclées

Caligula, compte rendu du 23 oct. 2005

Caligula, 2011

 

 

Serge Lifar

Mirages, compte rendu du 29 oct  2006

suite en blanc, compte rendu du 29 oct. 2006

 

 

Malandain

Icare

 

Nijinska

Noces

Le train bleu

 

 

Noureev

 

Rendez vous sur cette page

 

 

 

Roland Petit

Roland Petit

Soirée de juillet 2005  Compte rendu Carmen, le Jeune homme, Arlésienne  2005

Le loup, rendez vous, le jeune homme, compte rendu , oct 2010

Roland Petit à l'ONP 2010

 

Prejlocaj

Médée, compte rendu avec Cozette/ Romoli/ Renavand 10 nov 2007

Siddharta, présentation Bastille

Siddharta, compte rendu  4 avril 2010

Le Parc, Ciaravola Bullion 2013

 

 

Robbins

En sol, in the Night, le Concert, compte rendu 2008

En sol, le Concert,  compte rendu

Dance at gathering, compte rendu 2012

 

 

Paul Taylor

Le sacre du printemps, compte rendu

 

 

 

Saburo Teshigahara

Air

Black Horses in hidden, compte rendu 2013

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7 mars 2014 5 07 /03 /mars /2014 19:31

 

 

La nouvelle est tombée ce 6 mars 2014 et ne m'a nullement réjouie. Pourquoi?

Parce que ces nominations à tour de bras manquent cruellement de poésie, de passion, d'authenticité...

 Eléonora Abbagnato a été  nommée l'an passé.... belle danseuse!.... un titre pas forcément mérité à 34 ans, mais la belle Sicilienne  est une artiste, et c'est une vraie perle rare au coeur de l'opéra de Paris.... elle s'investit comme personne dans ses rôles, possède un charisme unique, un physique de rêve, une sensibilité à vif.... bref....

puis ça a été au tour de  Alice Renavand que j'aime aussi beaucoup.... mais elle a aussi 34 ans, une technique  classique qui n'est plus au top comme autrefois... elle aussi possède beauté, charisme, et est une vraie artiste... mais ça fait mal au coeur de la voir nommée " trop tard"...

Ces deux nominations laissent une drôle d'impression, arrivant finalement trop tard,  car ce n'est pas à 35 ans qu'une danseuse aborde les très difficiles rôles académiques que sont le Lac, La Belle, Kitri, etc...  certes Abbagnato a eu l'occasion d'en danser certains il y a dix ans déjà ( Kitri) et c'est à ce moment là qu'il aurait fallu la nommer si nomination il devait y avoir à tout prix... mais fallait-il absolument les nommer?  Les deux avaient tout à fait leur place en tant que premières danseuses, comme autrefois Karine Averty ou Yannick Stéphan...

 

Albisson, elle,  a 24 ans.... une belle technique.... mais on ne peut pas se réjouir non plus

 

Sa nomination a été faite à la va-vite sur un rôle qui ne lui allait pas forcément - Tatiana d'Onéguine - et elle tombe un peu comme un cheveu sur la soupe. Tout le monde finit par se dire que BL veut bloquer le plus de places possibles pour que Millepied n'ait plus le choix mais l'embarras quand il prendra ( enfin) la direction de la danse... sa nomination ressemble à un pied de nez, à un " c'est encore moi qui décide".... ça n'est ni élégant, ni gracieux pour ces danseuses....

 

En outre, très gênant pour Amandine, elle est nommée dans la foulée du magnifique départ de Ciaravola qui a brillé tant et plus le 28 février dans le rôle de Tatiana... pour le public, il n'y avait pas photo.... Amandine a fait de son mieux, mais Tatiana n'était pas  (encore) pour elle. La salle n'a pas réagi avec enthousiasme comme d'habitude, les applaudissements furent polis mais sans passion...

Quand à la date du 5 mars .... c'était au départ la date retenue pour les adieux de Ciaravola, qui a dû renoncer à cette date, car le grand foyer était réservé.... pour une soirée privée!!!!!....

BL voudrait elle faire passer le message que " Adieu le vieux, bonjour le neuf"..... ??? c'est un peu ainsi qu'on le ressent malgré tout et la dame n'a jamais fait preuve de délicatesse au cours de son " règne"

 

Mais revenons sur cette danseuse.

Très aimée de la direction, elle a été beaucoup distribuée ces derniers temps ( Sylphide, Aurore, Tatiana)

 

Si Amandine possède une très belle technique - notamment au niveau du travail des jambes, car les bras, ce n'est pas encore cela - elle ne sait pas encore pour le moment faire vivre un rôle ni transmettre des émotions... cela peut venir.... comme ne jamais venir. Je l'ai vue ces dernières années, et je n'ai pas aimé son style... j'ai néanmoins en tête une photo d'elle dans Bhakti ( qu'il faudra que je scanne) qui montre quelle fille magnifique et longiligne elle est.

 

Même si je ne suis nullement réjouie par sa nomination,  - je n'ai pas aimé son Aurore, ni sa Sylphide, ni la Bohémienne du Loup, je l'ai trouvé à chaque fois sèche et sans âme et trop sûre d'elle dans sa façon de montrer qu'elle technicienne elle est - j'espère de tout coeur qu'elle trouvera sur sa route un bon coach qui saura la conseiller, la guider, l'épauler....  lui insuffler âme, passion, sensibilité  la sortir de ce regard narcissique qu'elle semble avoir sur elle même,  et lui permettre de faire éclore tout son potentiel artistique....

 

Je lui souhaite donc de trouver cette perle rare afin que sa carrière lui donne tout le bonheur qu'elle lui promet...

 

 

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4 mars 2014 2 04 /03 /mars /2014 09:45

Soirée d'adieu du 28 février  d'Isabelle Ciaravola

 

Tatiana : Isabelle Ciaravola

Onéguine :  Hervé Moreau

Lenski  :  Mathyas Heymann

Olga :  Charline Giezendanner

 

 

 

 

 

Lors de la dernière reprise en décembre 2011, j’avais eu le plaisir de voir la Tatiana d’Isabelle avec Mathieu Ganio. J'étais impatiente de découvrir cette même Tatiana aux côtés d'Hervé Moreau.

  Ce danseur mince, musculeux, mais très fin exhale dès son entrée une puissance, une autorité souveraine. Sa technique, aiguisée comme une lame de couteau, dessine  un personnage noir, odieux, en colère contre lui-même. Sa rencontre avec Tatiana fait froid dans le dos : la jeune fille, lointaine et douce, peu préoccupée des choses qui amusent ses proches, tombe sous le charme immédiat de cet homme hautain et tranchant comme une faux qui oublie jusqu’à sa présence. La première variation d’Onéguine est un concentré de lassitude, d’aigreur et de douleur. Il n’a plus de rêve. On aurait envie de souffler à Tatiana de fuir.
 Je ne sais toujours pas comment Ciaravola fait pour passer d'une presque enfant mélancolique, un peu hors du temps,  pleine de compassion pour les autres, la tête emplie de romans à la femme accomplie et rayonnante qu'elle devient au troisième acte. Aux angles durs, secs, aux arabesques pointues d’Onéguine, elle oppose une silhouette ondoyante et  délicate, toute en finesse et en délié, et son regard limpide. On ne pourrait imaginer un couple plus mal assorti.

Le pas de deux dans la chambre est  intense, fluide et glacial tout à la fois : on dirait que c’est la mort elle-même qui a surgi du miroir, et non pas un amoureux. Lors des portés vertigineux et périlleux, Isabelle n'est qu’une plume dont se joue celui qu’elle aime. Là où elle exprime la douceur du désir, il montre la force de son emprise sur elle. A son réveil, elle décide de lui faire parvenir sa lettre : son geste est réfléchi et passionné tout à la fois.  Tatiana est douce mais déterminée.

L’ Olga de Giezendanner,  est pleine de vie, malicieuse et  beaucoup moins superficielle que dans le roman. Cette sœur,  aux antipodes de Tatiana,  forme avec  Lenski un couple plein de fraîcheur : Heymann est parfait en  poète candide qui n'a pas vingt ans et qui met le monde en vers parce qu’il est amoureux. Sa technique a la rondeur et la candeur de l'enfance par encore quittée.  

 

  La scène du bal qui fera tout basculer, évoque les quatuors de Don Giovanni  ou des Noces de Figaro, où chacun chante un sentiment différent entremêlant des émotions parfois aux antipodes.  Onéguine enrage, Olga s’amuse, Lenski est blessé, Tatiana pressent le drame. Tout finira par la mort absurde du poète, plongeant les deux sœurs et Onéguine lui-même dans la douleur la plus totale. Juste avant le duel, les adieux de Lenski-Heymann à la vie sont poignants.

 

Pour le dernier acte, Paquette-Grémine semblait très ému.  Il est un mari aimant  mais sérieux. Parée de sa robe rouge, Ciaravola/Tatiana  aime son mari  et assume à présent parfaitement une place importante dans la société. Elle se plie de bonne grâce aux devoirs de son rang. Quand elle croise Onéguine, elle reçoit un choc, mais reste maîtresse d’elle-même ainsi que l'exige son statu.
Onéguine, bouleversé par cette rencontre,  revivra son passé dans une sorte de frénésie touchante : on se trouve pour un court instant en osmose avec lui, son cœur nous est enfin ouvert. A ce moment là, Hervé Moreau est comme un chat écorché, tout à vif devant la douleur des souvenirs.

Dans le dernier pas de deux, Onéguine montre une telle violence dans l'intensité de  ses sentiments  qu’il en devient brutal. Il impose sa passion avec une rage excessive, utilisant sa force physique pour convaincre Tatiana  de son repentir.  Ciaravola oscille sans cesse entre l’abandon à cette passion restée vivante en elle, et le refus d’y céder.  Elle finit par déchirer la lettre d’Onéguine,  parce qu’il n’y a pas d’autres choix possible mais ce geste la brise. Et dès le départ d’Onéguine,  elle tombe à genoux, anéantie.

Ce pas de deux a atteint des sommets d’intensité dramatiques. Les deux danseurs semblaient survoler toutes les difficultés techniques, et n’être plus à ce moment là que sentiments passionnés et douleur profonde.

L’ensemble du ballet a été porté avec émotion d’un bout à l’autre par une troupe soudée et harmonieuse et des solistes de haut vol. Cette représentation rejoint les «  inoubliables » parmi lesquelles cette année, il y a aussi la Dame aux camélias et Le Parc, toujours avec Isabelle Ciaravola.

 

 Autre lecture

 

 

Il est passionnant de voir que la lecture est très différente de celle que fait Mathieu Ganio, plus fidèle au roman. Les pas de deux par exemple, n’ont pas cette violence, cette brutalité qui fait frémir. Avec Mathieu Ganio, Onéguine est bien l’Harold Childe de Byron, auquel s’identifiait Pouchkine et non pas le personnage noir qu’on trouve aussi dans l'oeuvre de Musset, « confession d’un enfant du siècle » auquel Sami Frey donnait un visage     implacable.

Celui de Ganio est plus slave, il porte en lui un spleen, une Sensucht typique de ce siècle ; il blesse par incapacité à avoir envie de vivre, ce que Pouchkine décrit dans son roman. Mais il n’est pas cruel ; quand il déchire la lettre, c’est pour protéger Tatiana de lui-même ; le pas de deux du miroir est lyrique et passionné. Et au troisième acte, la prise de conscience qu’il aime Tatiana est réel. Il ne vient pas s'emparer d'elle de force mais lui dire avec d’infinis regrets   tout l’amour qu’il porte en lui.

Les deux Onéguine sont aussi splendides l'un que l'autre, le premier est tranchant comme une faux, le second, insaisissable et fantasque et leur partenariat avec Ciaravola est également poignant.

    
 
 

 

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3 mars 2014 1 03 /03 /mars /2014 07:57

 

OneguineProgramme.jpg

 

Quand j’ai écrit il y a cinq ans un article sur la nomination de cette danseuse, je ne pensais pas que les années passeraient aussi vite, hélas ! J’avais en mémoire sa Sylphide, l’une des plus belles que j’aie vue, son extraordinaire reine des Dryades – la plus belle que j’ai vue et aussi Rosalinde, la jeune fille aimée de Roméo avant qu’il ne rencontre Juliette ! J’avais aussi eu l’occasion  dans Stepping Stone d’être éblouie par ses lignes infinies et son allure de sirène.

 

Après sa nomination, Juliette, Manon, Marguerite Gautier et Tatiana trouveront en elle une interprète d’exception ; elle leur donnera un souffle, une poésie  et une puissante intensité dramatique. De leur côté, ces héroïnes permettront à Isabelle  d’explorer toutes les ressources de sa technique. Son corps  deviendra l’instrument parfait de sa pensée,  modulant à son gré toutes les émotions, tous les sentiments et leurs nuances qu’une danseuse rêve d’avoir sur sa palette, comme le ferait le plus talentueux des musiciens.

Isabelle, danseuse passionnée et travailleuse acharnée a non seulement réalisé son rêve – devenir étoile – mais  a  brillé, radieuse, à une époque où ce titre n’est pas toujours porté avec panache. Sa carrière en tant qu’étoile, si courte, laisse au cœur du spectateur une empreinte vibrante, lumineuse. Merveilleuse interprète, elle a  créé des partenariats magnifiques avec Mathieu Ganio, Hervé Moreau, Karl Paquette ou encore  Benjamin Pech ou Stéphane Bullion.

 

Aux côtés des héroïnes tragiques qu’elle a incarnées, elle fit aussi de belles rencontres avant et après son étoilat : La Garance des Enfants du Paradis, la Femme du Parc, Nourreda dans la Source de JG Bart, la plus belle fille du monde de Rendez-vous…

 

Sa carrière ne s’arrête pas aujourd’hui, puisqu’elle fourmille de projets. De nombreux galas l’attendent et elle sera bien occupée jusqu’à l’été.  J’aurai d’ailleurs la chance de la voir danser le 17 avril à Amiens aux côtés de Nicolas Leriche et de Claire Marie Osta dans deux œuvres magnifiques : Annonciation de  Prejlocaj et le mythique Jeune Homme et la mort.

 

Il faut à présent espérer de tout cœur qu’elle reviendra danser Manon la saison prochaine à l’opéra de Paris. C’est un rôle qu’elle aime et qui, comme Tatiana, Juliette ou Marguerite, évolue tout au long du ballet. Isabelle n’a pas son pareil pour exprimer les méandres psychologiques de ces personnages, les rendant toujours d’une façon ou d’une autre, terriblement attachants au-delà de leurs contradictions.

 

Ce 28 février, il y avait 2000 fans réunis dans la grande salle de Garnier. Des spectateurs, des amis, des proches, mais aussi le monde de la danse. Il était émouvant de voir certains artistes les larmes aux yeux pendant l’ovation d’Isabelle qui a duré près d’une demi heure.

 

Cette soirée était bien celle de son public  dont  tout l’amour  a convergé vers elle pendant les saluts. Fleurs, cadeaux  ont jailli sur scène sous une pluie d’étoiles. Je n’ai curieusement pas ressenti de tristesse, car Isabelle était célébrée avec tant d’amour qu’on pouvait être émue mais sans chagrin. On était heureux pour elle qu’elle reçoive autant d’amour, de ferveur, de la part d’un public duquel elle a su se faire profondément aimée parce qu’elle déborde de talent et de générosité. C’était pour le public l’occasion de rendre à ce moment là tout ce qu’elle a donné et il s’est montré aussi généreux qu’elle l’avait été pour lui. C’était donc beau ! Des adieux tout en lumière, en vibration, comme si nous étions tous transportés dans la Voie Lactée... c'était des adieux magiques!

 

Je reverrai longtemps son visage lumineux, radieux, sous les étoiles scintillantes qui tombaient des cintres. Elle resta elle-même pendant ses saluts, simple, heureuse, comme elle le fut également pendant le coktail qui suivit, où parée d’une belle robe à la fois sophistiquée et sobre, elle reçut les félicitations des «  fans » réunis dans le grand foyer de la danse, à peine assez grand pour les contenir tous.

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Photo M Lidvac.

 

Isabelle m’a fait revenir  à l’opéra, ces cinq dernières années,  moi qui n’y allais guère plus. Et à chaque fois, je suis repartie avec un supplément d’âme.

 

Pourquoi va-t-on voir de la danse ? Que cherche-t-on dans un spectacle ?

Pour moi la réponse est claire, je vais chercher ce que les Indiens appellent Rasa, une vibration esthétique, qui, si elle est puissante, met en vibration l’âme qui s’extirpe alors de sa torpeur... et bien Isabelle n’a pas son pareil pour permettre au spectateur d’atteindre Rasa… et par cet article, je salue cette belle artiste que j’espère voir encore danser de nombreuses fois…

 

 

Le compte rendu sur Onéguine suivra dans quelques jours!

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25 janvier 2014 6 25 /01 /janvier /2014 10:12

Quand on n'a pas le choix, on a l'embarras n'est ce pas?

C'est ce à quoi Dame B a habitué les malheureux spectateurs réguliers et les balletomanes depuis déjà plusieurs saisons.... si elle restait encore un  peu,  je crois qu'on assisterait même à des ballets virtuels, avec renfort d'image en trois D, pour supplér aux " trous" des grilles de distributions...

 

Les distributions sont tombées.... et il y a de quoi être vraiment consterné.

Trois titulaires pour les rôles de Tatiana ou de Onéguine. Même chose pour Lenski et Olga; on nous ressert du Magnenet!.... Fabien Révillon apparaît à peine...

 

Il y a trois ans, cela avait déjà été un vrai casse tête pour réunir une distribution digne de ce ballet...

Mckie étant recruté en urgence aux cotés d'Aurélie Dupont,  et dans la panique totale, personne ne voulait assurer la première... bref....

 

Là, c'est pire encore  :

 

Pour Tatiana, Ciaravola, Pagliero et Albisson.....

 

Pour Onéguine : Hoffalt, Moreau et Paquette...

 

 

J'ai beaucoup, mais beaucoup de mal à imaginer Albisson en Tatiana; dans la Belle, j'ai plus vu un Trader aux dents longues, arpentant Wall street, qu'une princesse.... alors Tatiana!

Bon, d'aucun diront qu'au contraire, c'est en dansant qu'elle apprendra à développer son artistique...

sans doute.. mais sans moi...

 

Quand à Pagliero, elle a une énergie de feu pur.... les rôles où je l'ai aimés étaient Kitri, flamboyante et Gamzatti... en revanche, dans des rôles plus lyriques ou plus classiques, j'ai été moins convaincue...

 

Pour Onéguine, je regrette vraiment la présence de Mathieu Ganio....  même si je me réjouis de voir deux fois le couple Ciaravola/Moreau accompagné de :

Giezendanner + Marc Moreau

Ou Marion Barbeau + Heymann

 

J'attendais les distributions pour y retourner une 3ème fois, mais je crois que je m'arrêterais là....

 

Ont donc disparu des distributions : Ganio, Ould Braham et Pujol... il paraît que les distributions vont changer, on ne s'en étonnera pas....

et pendant ce temps, tout le beau monde répète Melle Julie  ou Fall river legend.... 

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15 janvier 2014 3 15 /01 /janvier /2014 12:03

 

 

winterreise.jpg

 

 

J’ai consacré il y a quelques temps déjà un article à  Martin Chaix qui poursuit outre Rhin une carrière de danseur et de chorégraphe dans laquelle il semble s’épanouir.

 

Il prépare actuellement une nouvelle création, Winterreise,  d’après Schubert qui doit être créée à Bonn, en février 2014. L'œuvre musicale est considérée comme le chant du cygne du compositeur…. Voyage d’hiver, quel autre titre résumerait mieux à lui seul ce que fut la vie et l’œuvre de ce si sensible musicien ?

 

Martin Chaix en a récemment trouvé une version pour saxophone et piano qui l’a bouleversé. C’est le point de départ de sa création. Il dit lui-même

«  C’est en parcourant les rayons d’un disquaire que j’ai découvert par hasard une version saxophone/piano de Yuri Honing et Nora Mulder. D’abord très intrigué, son écoute fût pour moi une révélation. La musique prenait une dimension complètement nouvelle. Un zeste de sensualité mêlée à une nostalgie dévastatrice. Des accents et des couleurs jazz se glissaient dans les fibres romantiques pures du début du XIXe siècle. Un mélange audacieux autant que savoureux. Une pure merveille. (…) »

Et de l’œuvre en création :

« En combinant le jazz et la musique originale de Schubert, je souhaite proposer avec cette pièce ma propre vision de Winterreise, décrire des sentiments comme la nostalgie, la douleur de la séparation, le désir de mort engendré par la solitude et le désarroi à travers une approche résolument contemporaine. »

Mais pour que cette création indépendante  voie le jour, le chorégraphe a besoin d’argent pour la production. Il a donc utilisé kisskissbank pour faire cette demande, comme c’est fréquemment le cas à présent.

De 1 euro à 200 euros, votre don sera le bienvenu….

J’ai moi-même soutenu cette création… d’une part, parce que c’est Martin Chaix… c’est ma façon de le remercier pour son «  supplément d’âme » qui illuminait le corps de ballet. Je le reverrai  longtemps encore danser dans Signes de Carlson, ou Glass piece, ou Hurlevent de Belarbi... en tant que spectatrice, voilà une façon concrète de lui dire merci.

D’autre part, car il est très difficile pour la danse d’exister… les autres arts trouvent facilement des subventions, mais pour la danse, quelque soit le pays, c’est toujours plus difficile… du temps où j’avais encore la Nâga compagnie, je me suis souvent heurtée à des problèmes d’argent. Car il faut   payer les salles de répétition, les flyers,  les costumes, le cachet des danseurs,  le décorateur, parfois aussi la régie ou le théâtre....etc...

Alors n’hésitez pas à soutenir son projet… dès 1 euro !....

 

Voici le lien  : Winterreise-Martin Chaix

 

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11 janvier 2014 6 11 /01 /janvier /2014 10:01

Shivagorkshababaji_1.jpg

 

Je profite de cet espace pour vous annoncer la création d'un site, Art et Yoga,  et d'un blog qui porte le même nom et qui vient compléter le site.

 

Pourquoi deux lieux séparés?

 

Pour des raisons pratiques : le site permet une jolie mise en page et une grande lisibilité, en quelques clics, on a accès aux informations essentielles sans perdre trop de temps,  mais il est à peu près impossible d'y écrire des articles au jour le jour, sans que ceux-ci, au bout d'un certain temps, ne disparaissent dans les profondeurs dudit site.

 

A l'inverse, le  blog  n'est pas lisible du tout et l'on s'y perd vite, mais il permet cette  précieuse rédaction au jour le jour, et un nombre infini d'articles qu'il est à présent possible d'indexer et de répertorier afin d'en faciliter la recherche. Les deux sont donc inséparables.

 

Ils proposent des cours de yoga par correspondance que j'élabore moi-même à partir de l'enseignement reçu pendant 7 ans. Enseignement extrêmement sérieux, car, outre un nombre impressionnant de techniques acquises à la " sueur de mon front", j'ai aussi eu la chance d'aborder les grands textes traditionnels du yoga et de plonger profondément dans la philosophie indienne en général, et plus précisément shivaïque qui sous tend ce yoga et qu'on retrouve aussi dans  la danse indienne classique Odissi. Ce n'est pas un hasard si ces deux formes d'expression du génie indien viennent du Nord Est de l'Inde et non du Sud où la tradition est toute autre!

 

 

Ces cours sont prévus pour s'adapter à tous,  débutant ou pratiquant déjà régulier, quelque soit l'âge, la condition physique et le temps dont on dispose. Les techniques proposées se déclinent en trois ou quatre propositions afin de pouvoir les aborder si l'on est complètement débutant, ou au contraire de les pratiquer plus en profondeur si on les connaît déjà. Ils permettent ainsi une progression.  Ils sont prévus pour durer environ deux mois - plus ou moins à la convenance de chacun - et incluent des " séances  types" pour savoir comment organiser sa pratique. Le but final étant de permettre à tous de construire sa pratique personnelle au fil du temps. 

 

Vous trouverez ici le contenu de la première série.

 

Une formation en yoga-nidra est également disponible, fidèle à celle reçue de C. Tikhomiroff. Elle se décline en 12 séries de cours, pour une durée de deux ans environs. Voici le  contenu de la première série.

 

Le coût de chaque série est de 80 euros, frais suivi-colissimo de 10 euros inclus.

 

Chaque série contient :

- Une trentaine de pages pour les cours et les textes.

- Deux CD audio pour être guidé

- Et un DVD de présentation des techniques.


 

Pour tout renseignement ou question, n'hésitez pas à me contacter!

 

 

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31 décembre 2013 2 31 /12 /décembre /2013 11:17

Le Parc – Prejlocaj

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Belle surprise que ce Parc qui ne m’avait pas convaincue en DVD et que j’ai véritablement découvert le 28 décembre dans la très belle distribution de cette matinée, avec Ciaravola/Bullion. Je ne m’attendais pas à tant de nuances de sentiments, de contrastes, et d’humour aussi.

Prejlocaj a pris le parti d’illustrer à la fois les Précieuses de la fin du 17ème siècle, et la société libertine de la fin du 18ème.

On est à mi chemin entre Roxanne et Marivaux, entre  la Princesse de Clèves et Beaumarchais.

 

Dans le premier acte, les Précieuses-Libertines, costumées comme des garçons,  revendiquent leur égalité dans le jeu du marivaudage : je t’approche, je te fais de l’œil, mais je reste la maîtresse du jeu ! Pas question de céder !

Il faut voir comme la troupe de l’opéra de Paris s’en donne à cœur joie pour installer ses chaises. On s’approche, on s’observe, on recule, on se séduit, on se dérobe, on se moque, on pouffe, puis on revient joyeusement à la charge ; le point culminant de cet acte est lorsque le jeu tourne aux chaises musicales,  qui est comme un clin d’œil à  celui de l’Amadeus de Milos Forman. Mozart aimait aussi le marivaudage, comme en témoignent certains documents, et ses soirées étaient parfois fort libertines…  peut être le choix de la musique vient-elle de là…

Dans ce climat où filles et garçons jouent à «  attrape moi si tu peux » un couple se rencontre. Le jeu cesse, l’amour s’impose. Mais va-t-on écouter son cœur ? Il y a tant de questions qui se posent : que faire de cet amour, comment le vivre, est-il possible de s’y abandonner, de lui faire confiance ?

Ciaravola et Bullion donnent beaucoup de gravité et de détresse au milieu de la joyeuse troupe qui s’amuse et batifole. Lui se rappele que l’amour fait surtout souffrir, et les anciennes blessures animent sa danse ; il ne peut ouvrir son cœur, et les cabrioles de joie où s’anime un cœur amoureux,  s’achèvent par des pas qui s’esquivent ; impossible se déclarer. Face à lui qui hésite, comment pourrait-elle s’abandonner ?  La peur est là aussi, de se perdre, peut être, d’être trahie, ou trompée. Entre ces deux là, le jeu a cessé. Isabelle donne à cette femme une fragilité extrême, une grande beauté, et une gracilité empreinte de noblesse. Bullion donne sa grande sensibilité et profondeur à ce personnage.

 

Le début de l’acte suivant  exprime en quelques minutes toute la poésie d’un groupe de femmes en grande toilette fleurie, qui étouffent sous la chaleur de la fin d’un après midi d’été. Et cette fois ci, on pense à la sieste d’Autant en emporte le vent, lorsque les demoiselles ont défait jupe et panier pour dormir dans la chaleur du Sud, tandis que Scarlett, elle, ne se déshabille pas : elle veut dire son amour à son cousin et part à sa recherche dans la maison, toute enrubannée de frou-frous et de rubans verts. Après quelques évanouissements et beaucoup de rire, jupes et paniers sont abandonnés et il ne reste que le corset et la chemise.

 

Le-Parc-0002.jpg                       Photo Michel Lidvac

 

 

La belle jeune femme arrive, dans son immense robe rouge : la passion qui couve, mais les mètres de tissus et le large panier permettent une protection : l’amour est mis à distance  et la jeune femme se protège dans sa robe-abri. Tandis que les autres jeunes femmes   s’adonnent à quelques caresses et baisers sous la frondaison des arbres  après avoir couru en tous sens  dans le parc, poursuivies par les garçons et sans céder trop vite,  la jeune femme et le garçon hésitent.

A la fin de l’acte, la jeune femme ne cède pas, elle porte toujours sa jupe et son corset, et bien qu’elle soit submergée par son amour, et prête à céder, elle questionne le jeune homme. Ciaravola est  toute en fragilité  face Bullion tout en blessures ; il n’est pas un de ses libertins aguerris, beau parleur, prêt à tout pour arriver à son but.  Il est maladroit, emprunté, un peu gauche, peu sûr de lui,  et tout empli d’une sensibilité qui lui retire l’audace et la bravoure.  On est face à deux êtres que la vie a blessés.  Il est surprenant de voir comme ces deux artistes règlent leur duo comme le feraient deux acteurs ; sans mot, on peut pour ainsi dire suivre leur dialogue, et toute la nuance de leurs sentiments, de leurs questions, et même de ce qu’ils ne se disent pas, de ce qu’ils ne s’avouent pas. Les regards, les expressions du visage, les gestes les plus humbles expriment toute une palette de sentiments et d’émotions. C’est tout en finesse, en sensibilité, en retenue et d’une profondeur presque vertigineuse.

 

Dans le troisième acte, la nuit est tombée ; c’est sous un ciel plein d’étoiles que triomphent les libertins sur les jeunes filles qui ont cédé et le regrettent.  Plus de pantalons, plus d’égalité,  plus de robes fleuries non plus, les fleurs sont fanées ; plus de corsets féminins, mais des jupons de tulle noir, des jupes de deuil, dont tout à l’heure, elles revêtiront leur visage et où elles cacheront leurs larmes. L’amour  est consumé/consommé : c’est le temps des larmes, de la désillusion. Les garçons les emportent sans plus de manière, en les hissant sur leurs épaules comme des sacs. Adieu joyeux marivaudage !

Cette petite tragédie qui laisse les libertins tout bondissants s’achève  sur l’ultime face à face où l’amour véritable triomphera – au moins pour ce soir là – entre la jeune femme en rouge, et le garçon au gilet à  fleurs. Les jardiniers retirent l’un après l’autre les vêtements de la jeune femme ;  elle baisse ses armes : c’est une mise à nu de l’âme. Face à elle, le garçon se met à nu aussi.

Prejlocaj fait triompher après les jeux et les larmes un amour sincère, profond, qui tourbillonne. Ciaravola et Bullion ont su donner des accents de sincérité et de candeur désarmantes à ce dernier pas de deux… on se prend à espérer qu’ils seront heureux ensemble, et que cet envol est aussi celui de leurs âmes réunies…

 

Côté danseurs, je les salue ici tous avec enthousiasme, et notamment Yann Saiz – des dons de comique que je ne lui soupçonnais pas - et la si gracieuse Galloni ! Mais tous excellaient à commencer par :

Les-jardiniers.JPGLes quatre jardiniers  - Valastro, Bodet, Couver, Gaillard - étaient réglés comme du papier à musique !

Le reste de la troupe a créé une connivence entre eux fantastique pour le plus grand bonheur de nos yeux émerveillés ! –

Les demoiselles: Bance, Granier, Kamionka, Laffon, Robert, Westermann, Hilaire, Galloni 

Les Messieurs :   Charlot, Renaud, Saïz, Bertaud, Demol, Gasse, Leroux.

 

corps-ballet.JPG

 

  la troupe, parfaite!

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26 décembre 2013 4 26 /12 /décembre /2013 09:37

 

Cet artiste qui est resté longtemps éloigné de la scène est l'un des grands joyaux de l'opéra de Paris. Je dois le voir dans le rôle du prince Désiré dans une dizaine de jours.

La première fois que je l'ai vu, c'était dans un hideux ballet de McGregor. Il entre en scène, mon souffle se coupe. Non seulement sa danse est onctueuse, virtuose, enlevée, vivante, mais surtout, une vraie personnalité se dessine en scène;  ensuite, je n'ai pu le voir qu'en vidéo, sauf dans la Dame aux Camélias, où il incarnait Lescaut. Une danse toujours à couper le souffle, tant pour la beauté quasi spirituelle qui en émanait que pour la sensibilité de l'interprétation de ce personnage.

 

Mais voyez plutôt par vous même : un internaute a eu la bonne idée de publier sur youtube le long et magnifique solo du Prince Désiré, qui a tout pour être heureux mais qui, tel un Harold child, aspire à autre chose. 

 

Dans ce solo qui exalhe un ennui pré-romantique,  - une Sehnsucht puissante et mélancolique -  Noureev a mis non seulement les pas qu'il affectionnait particulièrement mais aussi son âme slave. Chaque lever de bras, détourné, petits pas qui s'enchaînent a un sens.  Chaque saut est un bondissement de l'âme, une quête vers l'inaccessible. Noureev ne mettait pas des pas " pour faire joli" et encore moins pour mettre sa virtuosité en lumière - dans les années 70 elle n'était déjà plus celle qu'elle avait été dans les années 1960 - mais pour exprimer le mal de vivre du Prince.

 

Mais Désiré n'est pas  Siegfried, qui veut fuir la réalité du monde, comme Louis II de Bavière le faisait près de son Lac. Désiré aspire à trouver un sens à sa vie,  et il cherche aussi l'amour.

 

La variation commence par une série de doutes, de questionnements, de silences, avec la figure de l'arabesque fouettée avec changement de bras; puis elle continue avec l'expression d'affirmations sur le non-sens d'une vie de rêve mais creuse. Et enfin, surgit la quête elle même, et aussi la mise à nu de tout ce qu'est le Prince Désiré. Le feu intérieur, la passion, la quête d'un idéal culminent au milieu de la variation : l'aspiration est là, toute entière.... reviennent ensuite les questions, les doutes du début - 3:00 -  mais l'espoir pointe.

la variation s'achève, après une série de petits pas sautillés dans le sol et petite batterie - sur la série de double tours assemblés - 5:00- et une dernière interrogation mêlée d'espoir

 

C'est un alto  qui déroule sa longue mélodie -pas aussi pleureur que le violoncelle, mais plus apte que le violon à exprimer l'âme humaine pour ce passage précis.

 

Noureev aimait Shakespeare et sans doute a t'il pensé à Hamlet en composant ce long solo-monologue du Prince.

 

A présent, regardez Mathias Heymann.... c'est pur, c'est virtuose, mais surtout, c'est profond...

 

J'ai le souvenir dans ce type de rôle d'une émotion semblable : Mathieu Ganio en Drosselmeyer il y a quelques hivers; et N. Leriche en Siegfried il y a plus de dix ans. Simple, sobre, dans un don total d'eux mêmes.

 

 


 

 

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