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  • : Créé en 2006, ce blog rédigé par Valérie Beck autrefois consacré à la danse et à ma compagnie se diversifie davantage.
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Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

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26 juin 2007 2 26 /06 /juin /2007 11:37

 

 

Savez vous que les claquettes américaines sont en réalité un "mixed" de l'Irlande et de l'Afrique? Non?

Ah, et bien, lisez pour savoir!

Dans l'article précédent, il était question des minstrels shows, ces spectacles populaires... où l'homme Noir et sa culture sont récupéres et caricaturés par le Blanc...

C'est pourtant dans ce contexte qu'émerge un danseur d'exception : Master Juba...!

Dès 1846, il est intégré à une troupe de minstrels blancs... ce jeune homme sidère les spectateurs par sa frappe de pied hallucinante, virtuose, d'une rapidité d'exécution sidérante... sa danse, qui annonce les claquettes, il l'a apprise dans sa prime jeunesse auprès d'un   Irlandais dénommé Uncle Jim Lowe. Celui ci enseigne au jeune affranchi tous les secrets du real et de la jig irlandaise,   où le buste reste droit comme un I, les bras, serrés le long du corps   tandis que les pieds tricotent d'hallucinantes figures... Il faut dire que les Irlandais, fraichement immigrés, partagent la misère avec les Noirs affranchis... ils s'entassent souvent dans les mêmes quartiers insalubres, et luttent pour avoir une place dans la société américaine, si petite soit elle.

Master Juba mélange d'instinct ces pas irlandais  à des rythmes afro-américains syncopés : il crée un nouveau style, jouant aussi sur le tempo, " swinguant" avant l'heure... nombre de pas de claquettes d'aujourd'hui viennent de ceux répertoriés par ce Master Juba...

Il assure aussi du même coup un lien entre les minstrels blancs et les sources noires authentiques... il pousse les danseurs blancs à chercher une inspiration plus authentique dans le folklore noir américain. Sa réputation est telle qu'il va en Europe pour une grande tournée, mais mourra d'épuisement à Londres, en plein triomphe, à seulement 27 ans... la faim trop souvent connue, la misère,puis le rythme infernal des spectacles ont eu raison de ses forces.

 

 

Que devient le Minstrels après la guerre de Secession?

(1861-1867)

carte issu du site  www.atlas.historique.

qui représente les états du Sud et du Nord pendant la guerre de Secession

 

 

Le minstrel évolue alors vers le vaudeville et trouve une nouvelle inspiration dans le sort du soldat, des veuves, des mères qui ont perdu un, deux, trois ou quatre de leurs fils pendant la guerre de Sécession...

Vers la même époque, naissent des Minstrels Noirs.

 

Sous la direction d'entrepreneurs blancs de spectacles, beaucoup d'artistes Noirs commencent leur carrière dans les minstrels. Telle Bessie Smith ou W C Handy...

Ces artistes Noirs grimés en Noirs incarnent Zip Coon et Jim Corw. Ils sont sévèrement critiqués par la communauté Noire elle même...

Malgré tout, ces artistes courageux, qui veulent accéder à la scène et n'ont guère d'autre choix que celui du minstrel, réussissent, dans des conditions extrêmes à amener un nouveau public, heureux de les découvrir et de les admirer. Pourtant, jugez plutôt de leur condition de travail : ils montent et démontent les décors, balayent, rangent, nettoient, trouvent difficilement à se loger en tournée du fait de la ségrégation qui leur interdit hôtel, maison... ils subissent souvent des violences ou des agressions de la part de toute une population raciste... le ku klux klang, né pendant l'occupation du Sud par les troupes fédérales a été dissous en 1869 mais il est près à renaitre de ses centres... 50 ans plus tard...

Dans ces spectacles, ils apportent avec eux " un peu d'Afrique" : la fameuse danse " l'essence de Virginia" qui fut très très populaire dans le minstrelsy, inclue les fameux " shuffle" ou pas glissé, très caractéristiques de certaines danses vernaculaires.  Une de ses variations, le " rocking heels" a survécu longtemps... très récemment, il a réapparu dans le hip hop, sous une forme inattendue mais qui n'en plonge pas moins ses racines dans ces danses ancestrâles : le " moonwalk"

Dans la minstrelsy, le danseur Noir qui n'a aucune valeur " artistique" aux yeux du public venu pour du divertissement ( la différence entre high art, culture d'importation européenne) et low art est dû en partie à la création de la minstrelsy) développe une virtuosité, une endurance, une précision, une agilité exceptionnelles qui marquent les esprits... peu à peu, ces artistes Noirs gagnent ainsi estime et reconnaissance d'un public toujours impressionné par la vitesse d'exécution de ces danseurs.

Vers 1890, la minstrelsy décline.

Mais elle sera à l'origine d'une véritable tradition chorégraphique qui se prolonge au XX siècle ; elle a créée le cakewalk, les claquettes, le ragtime, le blues, grâce à ces artistes Noirs qui ont le don de s'approprier, de transformer, d'intégrer sans oublier leur "héritage africain" consciemment ou non...

Le jazz est alors près à éclore!

 

 

Pour le plaisir, la belle Bessie, et le père du Blues...

 


article réalisé à partir du livre d'Eliane Seguin, histoire de la danse jazz. Voir article précédent.

  a lire aussi histoire de la danse jazz ( 3) le minstrel show

histoire de la danse jazz ( 2) notes et réflexions 

histoire de la danse jazz ( 1 ) notes et réflexions


également : la folle histoire du jazz


vous avez dit modern jazz?
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