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  • : Un jour, une œuvre
  • : Créé en 2006, ce blog rédigé par Valérie Beck autrefois consacré à la danse et à ma compagnie se diversifie davantage.
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Noureev

 

Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

marie-taglioni-in-zephire.jpg

25 février 2011 5 25 /02 /février /2011 08:38

caligula.jpgRevoir Caligula cinq ans après sa création et deux ans après sa reprise n'affadit pas l'oeuvre, bien au contraire; la connaissance d'une oeuvre rend plus critique, et se retrouver en quatrième loge de côté gomme tout le côté intime qu'on peut nouer avec les artistes : on ne voit pas les expressions, on ne ressent pas leur souffle, le travail musculaire est effacé. Toutes les conditions sont réunies pour savoir si l'oeuvre est capable d'envoûter, de saisir ou d'ennuyer

 

Si l'écriture chorégraphique tend parfois  à être un peu répétitive - je trouve que Leriche abuse  des départs en décalés ou une figure est reprise par un, puis deux  puis quatre danseurs par exemple- si elle est parfois un peu figée, elle n'en offre pas moins des moments qui emportent vraiment : telle cette scène d'orgie cruelle pleine d'énergie; tels les pas de deux avec Lune; tel le sublime passage avec Incitatus; tel le monologue de Chaera...

 

l'oeuvre est très lisible : on entre vraiment dans les méandres de l'esprit de cet empereur; dont on suit la complexité, on comprend ce qui n'est pas dit ou montré

les scènes de mime sont des fils qui relient les différentes saisons : on découvre les arrières cours et on observe ce qui se trame à l'insu de tous

 

Lune, Mnester, Chaera, Caesonia, Incitatus, tissent des liens avec Caligula qui reste emprisonné en son propre monde jusqu'à la fin

 

J'ai particulièrement aimé le Caligula de Mathier Ganio, artiste d'une très grande sensibilité

Son personnage  complexe à souhait, oscille entre maladie, folie, cruauté, despotisme, tendresse ; dès son entrée en scène, on comprend qu'il n'est pas "dans" ce monde; il est ailleurs. Il veut la Lune, elle viendra, il la brisera

Ganio donne à cet empereur un côté parfois lunaire, parfois enfantin

Sa tyrannie, sa cruauté sont guidées par la maladie, semble-t-il, et non pas  par une volonté, un désir propre d'être cruel ou tyrannique

Quand il est en scène, Ganio apporte avec lui tout un univers qu'il a du construire peu à peu, à force de connaître et de danser le rôle

Par rapport à 2005, tous ses gestes, ses pas ont un sens, voire plusieurs sens; tout est intelligent, pensé et nourri de cette magnifique sensibilité qui fait de Ganio un artiste très attachant

De fragile, il devient puissant en un instant; son duo avec Mnester au début de l'oeuvre montre toute l'instabilité d'un esprit dérangé et en même temps sa passion pour le théâtre

 

 

D'ailleurs, j'apprécie toujours autant le découpage de la scène : l'escalier qui délimite l'univers de Caligula, comme hors atteinte du monde, l'avant scène ou se déroule les scènes de mime, comme sur un bas relief, et l'espace central, sorte d'agora ou de forum, délimité par les colonnes orange qui rappelle à la fois les péristyles ou les temples

 

S'ajoute l'espace pour la projection video, mais de la quatrième loge, impossible de voir le haut de l'escalier ni la video... dommage!

 

Ce découpage de l'espace s'accorde à merveille avec le découpage en cycle - sur une journée? puisque Galienne dit qu'il a conçu ce Caligula comme une tragédie classique en cinq actes? - et les différents pans de la réalité propre à chaque groupe - les sénateurs, la lune, mnester, le cheval

 

Les plages électroacoustiques nous plongent dans un espace entre deux, un espace hors du temps, ou se joue le destin de Caligula

 

Bref : cette oeuvre parait encore plus riche, plus fouillée, plus travaillée, plus aboutie en un mot, cinq ans après sa création. Elle est loin de certaines oeuvres creuses et prétentieuses que j'ai vues récemment !

Elle intrigue, elle envoûte aussi! J'espère que Nicolas Leriche chorégraphiera d'autres oeuvres à l'avenir!

 


avec Ganio, Osta (lune)- Abbagnato ( Caesonia), Bezard( Incitatus), Houette( Chaera), Bullion ( Mnester)

 

 

Tous les danseurs étaient parfaits : Osta dans son côté évanescent, fluide, impalpable, Caesonia, à l'invers, dans son côté charnel, incarné, à la recherches de plaisirs lourds, Bézard, poétique à souhait, Houette, très présent aussi

Bullion était bien, mais je ne peux pas oublier l'inégable, sublime et regretté Hilaire dans le rôle de Mnester

 

D'autres articles - au moins trois - sont consacrés aux autres représentations de cette oeuvre dans les années passées sur ce blog!

je tacherai de les mettre en lien!

 

 

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commentaires

L
<br /> <br /> Merci pour votre commentaire ,<br /> <br /> <br /> Mon point de vue est par endroits différent , je crois que je l'avais inscrit dans la rubrique LAC des cygnes , je ne sais pas le déplacer<br /> <br /> <br /> Reste que pour moi la pauvreté chorégraphique , la prétention du propos et le vide musical de Leriche  est navrant . Quant aux costumes des garcons et des filles annéees 1980 ils n'arrangent<br /> rien. <br /> <br /> <br /> Quand on pense à la recherche et au résultat des Enfants de Martinez !!<br /> <br /> <br /> Ganio est sur orbite, il ne redescendra pas , comme GUILLEM et qqs autres<br /> <br /> <br /> Il est  la Danse . Une maturité physqiue et émotionnelle s'est installée avec bonheur danssa danse , et c'est un immense plaisir de voir les garcons de al troupe  admirer leur Etoile<br /> lorsqu'ils sont avec lui sur le plateau.<br /> <br /> <br /> <br />
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