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  • : Créé en 2006, ce blog rédigé par Valérie Beck autrefois consacré à la danse et à ma compagnie se diversifie davantage.
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Noureev

 

Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

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3 mars 2014 1 03 /03 /mars /2014 07:57

 

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Quand j’ai écrit il y a cinq ans un article sur la nomination de cette danseuse, je ne pensais pas que les années passeraient aussi vite, hélas ! J’avais en mémoire sa Sylphide, l’une des plus belles que j’aie vue, son extraordinaire reine des Dryades – la plus belle que j’ai vue et aussi Rosalinde, la jeune fille aimée de Roméo avant qu’il ne rencontre Juliette ! J’avais aussi eu l’occasion  dans Stepping Stone d’être éblouie par ses lignes infinies et son allure de sirène.

 

Après sa nomination, Juliette, Manon, Marguerite Gautier et Tatiana trouveront en elle une interprète d’exception ; elle leur donnera un souffle, une poésie  et une puissante intensité dramatique. De leur côté, ces héroïnes permettront à Isabelle  d’explorer toutes les ressources de sa technique. Son corps  deviendra l’instrument parfait de sa pensée,  modulant à son gré toutes les émotions, tous les sentiments et leurs nuances qu’une danseuse rêve d’avoir sur sa palette, comme le ferait le plus talentueux des musiciens.

Isabelle, danseuse passionnée et travailleuse acharnée a non seulement réalisé son rêve – devenir étoile – mais  a  brillé, radieuse, à une époque où ce titre n’est pas toujours porté avec panache. Sa carrière en tant qu’étoile, si courte, laisse au cœur du spectateur une empreinte vibrante, lumineuse. Merveilleuse interprète, elle a  créé des partenariats magnifiques avec Mathieu Ganio, Hervé Moreau, Karl Paquette ou encore  Benjamin Pech ou Stéphane Bullion.

 

Aux côtés des héroïnes tragiques qu’elle a incarnées, elle fit aussi de belles rencontres avant et après son étoilat : La Garance des Enfants du Paradis, la Femme du Parc, Nourreda dans la Source de JG Bart, la plus belle fille du monde de Rendez-vous…

 

Sa carrière ne s’arrête pas aujourd’hui, puisqu’elle fourmille de projets. De nombreux galas l’attendent et elle sera bien occupée jusqu’à l’été.  J’aurai d’ailleurs la chance de la voir danser le 17 avril à Amiens aux côtés de Nicolas Leriche et de Claire Marie Osta dans deux œuvres magnifiques : Annonciation de  Prejlocaj et le mythique Jeune Homme et la mort.

 

Il faut à présent espérer de tout cœur qu’elle reviendra danser Manon la saison prochaine à l’opéra de Paris. C’est un rôle qu’elle aime et qui, comme Tatiana, Juliette ou Marguerite, évolue tout au long du ballet. Isabelle n’a pas son pareil pour exprimer les méandres psychologiques de ces personnages, les rendant toujours d’une façon ou d’une autre, terriblement attachants au-delà de leurs contradictions.

 

Ce 28 février, il y avait 2000 fans réunis dans la grande salle de Garnier. Des spectateurs, des amis, des proches, mais aussi le monde de la danse. Il était émouvant de voir certains artistes les larmes aux yeux pendant l’ovation d’Isabelle qui a duré près d’une demi heure.

 

Cette soirée était bien celle de son public  dont  tout l’amour  a convergé vers elle pendant les saluts. Fleurs, cadeaux  ont jailli sur scène sous une pluie d’étoiles. Je n’ai curieusement pas ressenti de tristesse, car Isabelle était célébrée avec tant d’amour qu’on pouvait être émue mais sans chagrin. On était heureux pour elle qu’elle reçoive autant d’amour, de ferveur, de la part d’un public duquel elle a su se faire profondément aimée parce qu’elle déborde de talent et de générosité. C’était pour le public l’occasion de rendre à ce moment là tout ce qu’elle a donné et il s’est montré aussi généreux qu’elle l’avait été pour lui. C’était donc beau ! Des adieux tout en lumière, en vibration, comme si nous étions tous transportés dans la Voie Lactée... c'était des adieux magiques!

 

Je reverrai longtemps son visage lumineux, radieux, sous les étoiles scintillantes qui tombaient des cintres. Elle resta elle-même pendant ses saluts, simple, heureuse, comme elle le fut également pendant le coktail qui suivit, où parée d’une belle robe à la fois sophistiquée et sobre, elle reçut les félicitations des «  fans » réunis dans le grand foyer de la danse, à peine assez grand pour les contenir tous.

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Photo M Lidvac.

 

Isabelle m’a fait revenir  à l’opéra, ces cinq dernières années,  moi qui n’y allais guère plus. Et à chaque fois, je suis repartie avec un supplément d’âme.

 

Pourquoi va-t-on voir de la danse ? Que cherche-t-on dans un spectacle ?

Pour moi la réponse est claire, je vais chercher ce que les Indiens appellent Rasa, une vibration esthétique, qui, si elle est puissante, met en vibration l’âme qui s’extirpe alors de sa torpeur... et bien Isabelle n’a pas son pareil pour permettre au spectateur d’atteindre Rasa… et par cet article, je salue cette belle artiste que j’espère voir encore danser de nombreuses fois…

 

 

Le compte rendu sur Onéguine suivra dans quelques jours!

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