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  • : Un jour, une œuvre
  • : Créé en 2006, ce blog rédigé par Valérie Beck autrefois consacré à la danse et à ma compagnie se diversifie davantage.
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Noureev

 

Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

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28 décembre 2014 7 28 /12 /décembre /2014 14:31

2fd553846987be782347c52d80c986d3.jpgLa musique classique de l’Orissa qui accompagne  aujourd’hui la danse Odissi a développé un style bien.

En fait, il est difficile de dire que la musique " accompagne" la danse odissi, d'une part parce que danse et musique portent le même nom ce qui n'est pas le cas pour le Baratha Natyam ou le Kathak par exemple, autres danses classiques indiennes qui n'ont pas leur équivalent musical, et d'autre par parce que danse et musique " forment" un tout. Là encore, il n'y a pas d'autre équivalent dans les autres styles du continent indien.


 

Ce style a   intégré au fil du temps des éléments des styles hindoustani (Nord) et Carnatiques (Sud).

Elle n’est cependant pas à la croisée de ces deux styles  bien qu’elle en  intègre des éléments. Elle est essentiellement issue du style Odra-mâgadhî propre à la région de l’Orissa dont  l’origine remonterait au 2e siècle avant notre ère, lorsque sous le règne le roi Khervala du royaume Kalingha sont nées la danse et la musique.

 

 

Ce «  premier » style musical qui fut d’abord selon toute vraisemblance une musique de cour évolua ensuite beaucoup notamment  au 13ème siècle sous l’influence du poète Jayadeva dont les hymnes étaient chantés – d’où la présence de refrain à l’intérieur des poèmes. La musique entra alors dans le temple tout comme la danse. Beaucoup de musiques et d’hymnes en honneur du dieu tutélaire de l’Orissa, Jaganath, furent composés.  Certains prétendent que ce style de musique est plus ancien que les deux autres styles évoqués ci-dessus. Comme beaucoup de choses furent perdues pendant la période de déclin de la danse Odissi, notamment à la fin du 18ème et pendant tout le 19ème siècle, il est difficile de faire la part des choses.  

 

Le rôle de Jayadeva


Jayadeva, auteur la Gita Govinda, aurait donc énormément influencé la musique Odissi, qui s’appuie elle aussi sur des ragas  - comme la musique du sud ou du nord de l’Inde. Ce poète a pris le soin d’indiquer dans quels ragas classiques en vigueur à ce moment-là ses poèmes  devaient être chantés.  Il n’est bien sûr pas le seul, les autres poètes faisaient de même. Il était très important à son époque que ce soit le poème qui soit mis en valeur avant toute chose, d’où une façon d’élaborer le raga très spécifique au style Odissi. Celui-ci fera la part belle au texte et non pas à l’improvisation pure comme c’est le cas dans la musique hindoustani ou la virtuosité des musiciens et le dialogue entre la percussion et le soliste amènent parfois à  un climax. Dans la musique de style odissi, c’est le travail de variation et d’ornementation des notes du raga choisi combiné au tala et au texte qui amèneront ce point culminant avant la conclusion de la pièce, souvent sur un rythme plus rapide.

Beaucoup s’accordent aussi à dire que comme il y avait dans  royaume Kalinga qui comprenait l’actuel Orissa krsna-with-cow-and-flute.jpg de très nombreux chanteurs venus de l'Inde du Sud, il y a forcément eu aussi des influences conscientes ou pas de la musique carnatique sur le style Odissi. D’après ces spécialistes, c’est d’ailleurs la musique carnatique qui aurait fait  généraliser l’utilisation  des Ashtapadis qui sont des regroupements de huit couplets de trois vers de 10 pieds,  comme dans les hymnes de  Jayadeva. C’est l’héritage le plus direct de la musique carnatique.  

(Pour mémoire, l’ancienne poésie médiévale en France était chantée elle aussi, d'où les noms de «  rondeau,ballade,virelai » qui le rappellent sans que plus grand monde chez les médiévistes de la Sorbonne ou d’ailleurs ne s’en préoccupent !)

Les poèmes sont  calqués sur une façon d’accorder aux mots la hauteur, le rythme et la métrique des textes.  

 


Plus tard, sous le règne d’Akbar au 16ème siècle, le chanteur Krushnadas Badajena Mohapatra originaire de l’Oriya, maître absolu de la musique hindoustani, aurait lui aussi influencé volontairement ou pas le style de cour de la musique Odissi ; aujourd’hui, on reconnaît d’ailleurs qu’il y a  certaine similitude entre le style Odissi classique et le style carnatique, plus vocal qu’instrumental ; la  musique hindoustane, qui est plutôt instrumentale, a elle-même  été influencée par les musiques perses ou turques, du temps du sultanat de Delhi dès le 13ème siècle.

Comme pour toute la musique classique indienne, la musique de style Odissi s’appuie sur des ragas.

 

 

Ragas et Talas


Les ragas sont des combinaisons de notes disposées dans un certain ordre et qui doivent être jouées d’une certaine  façon pour correspondre à un rasa précis. Un rasa est un état, une émotion, une saveur. Les ragas correspondent à des moments de la journée, des saisons, des heures… ils doivent être choisis en conséquence.  On traduit souvent raga par «  mode » mais ce mot occidental n’en donne pas toute la mesure, il est trop étroit pour eux.

Les notes utilisées dans la musique indienne sont plus nombreuses que les 12 sons contenus dans la gamme occidentale. Bien que portant le même nom, elles n’auront pas la même fréquence suivant le raga retenu. Un raga s’élabore en général une combinaison de cinq ou six notes qui composent une sorte de petit prototype de mélodie sur lequel le musicien – donc le chanteur puisque la musique Odissi s’appuie essentiellement sur des poèmes – va s’appuyer pour développer son chant. Il doit savoir l'improviser en respectant le cadre strict, le faire évoluer jusqu'à un climax, l'ornementer.

 

Comme pour les autres ragas, le style Odissi commence par un  court  prélude appelé Alap qui va faire entendre la note de base du raga choisi et dans un temps assez rapide    les autres notes du raga choisi.  La tampura continuera à égrener les notes pivots du raga  ce qui permetta ensuite au musicien de s'évader pour improviser tout en restant dans le cadre.

Ce prélude qui dure en général une ou deux minutes pas plus,  est ensuite suivi par la chanson principale  pendant laquelle va se développer peu à peu le raga sur des règles extrêmement précises autour du rythme, de la métrique, des différentes notes de base, et des écarts permis entre ses notes suivant le raga choisi.


Les compositions se développent sur  des talas, qui sont des cycles rythmiques. On note  aussi l’utilisation de bols dans les compositions des musiques de style Odissi. Les bols sont des syllabes qui permettent au percussionniste d’apprendre les différents talas en les mémorisant, chaque syllabe correspondant à un type de frappe et/ou un son. Ils sont aussi inclus à la composition dans des sections purement rythmiques par le percussionniste et le chanteur, les deux ne faisant pas forcément la même chose; il peut s'en suivre un contrepoint rythmique d'une grande richesse et d'une grande beauté.

53a67b52da2d746f8a3ba5ade066282c.jpgL'instrument de percussion  qui soutient la musique est le  Mardal  qui est similaire au pakhawaj, lui-même une variante du Mirdang.  Il y a toujours aussi un instrument qui donne la note sur laquelle s’appuie le raga, sorte de son «  primordial » d’où s’écoule tout le reste ; et une seconde note qui dépend du raga choisi. Cet instrument est souvent la tampura. A ces deux instruments incontournables  s’ajoutent  le chanteur, et aussi la  flûte, et/ou un violon, un sîtar  - ou une veena même si aujourd'hui, on la rencontre moins souvent qu'avant -  ou un harmonium et une paire de petites cymbales appelées Gini qui correspondent à la frappe des pieds.


Comme dans toutes cultures, à côté des musiques classiques se trouvent les musiques fokloriques, religieuses, qu’on trouve bien sur aussi dans cette région. Mais il ne s'agit alors plus du style Odissi classique.

 

D'autres articles viendront compléter celui là  qui n'est pour l'instant qu'une ébauche et qui sera peut être remanié au fur et à mesure que mes connaissances se préciseront et s'affineront; mes excuses par avance, pour les imprécisions ou erreurs qui pourraient s'y trouver!

 

 

A venir : un article sur Jayadeva

L'odissi  : son répertoire

Costume et maquillage en Odissi

Les gurus

Les Mahari, danseuses de temple

Les Gotipua

Déclin et résurrection de l'odissi.

 

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