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  • : Un jour, une œuvre
  • : Créé en 2006, ce blog rédigé par Valérie Beck autrefois consacré à la danse et à ma compagnie se diversifie davantage.
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Noureev

 

Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

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4 avril 2010 7 04 /04 /avril /2010 19:01

S’attaquer à un parcours initiatique tient toujours du challenge

On peut narrer une vie humaine, mais une vie qui tend vers la quête mystique, ce n’est pas si facile !

 

Preljocaj voulait raconter la vie du Bouddha juste avant son éveil…. D’où le nom, Siddartha, comme le roman éponyme de H. Hesse

 

Ce Siddharta n’a de Siddharta que le nom

Sans le petit livret explicatif, je n’aurais au final pas compris grand-chose, et j’aurais pu tout aussi bien croire qu’il s’agissait de l’histoire de n’importe qui…

Un quidam   s’ennuie malgré son palais doré, part sur les routes, mais ne renonce  pas aux   plaisirs de la vie

 

Le propos de Prejlocaj est parfois même très naïf !

 

Au début de l’œuvre, des hommes cagoulés façon play mobiles, se roulent au sol, et répètent à l’infini les mêmes gestes

Au dessus d’eux, une grosse boule se balance, nimbée de fumigènes

Esthétiquement c’est très joli, mais très vite, on se dit «  bon après, ces hommes en cagoule, que veulent ils ? »

 

Sur le programme, il est expliqué : ce sont les maux : « douleurs, angoisses, violence »

 

Ben dites donc, ils sont drôlement sages, les play mobiles, car en fait de douleur et d’angoisse, on n’en voit guère !!! 

La douleur naît plutôt de la partition assez insupportable à écouter!!!

Elle va du couinement des cuivres ou grognement des percussions, en passant par des petits solos de guitare électrique minable, mal raccordée à l'ampli et qui ne sont guère plus évoluées que ceux de mon voisin de 14 ans!...

Et pourtant, j’ai écouté de la musique contemporaine au kilomètre pendant des années  (Ohanna, Prodominès, Amy, Kurtag, Ligeti, Sapin, Fénelon,  pour ne citer qu’eux… !)

Les hommes en noir du Hurlevent de Belarbi étaient bien plus inquiétants, je trouve, on les sentait menaçants

Là, on les sent plutôt encombrés par leur casque….

 

Puis, on se retrouve dans le Palais de Siddartha

Commence une brochette de  lieux communs inimaginables

De grands canapés dorés avec scènes sensuelles dessus (et du rouge, bien sûr, ) un roi au milieu, emberlificoté dans une espèce de portant :   c’est le père de Siddartha, qui veut l’initier à la politique ( c’est le programme qui le dit !)

 

Mais Siddharta, ça ne l’interesse pas la politique, il préfère retrouver sa femme dans sa chambre, se livrer à quelques coquineries très kama sutra, avant de partir au matin avec son cousin Ananda dans la forêt !!!

 

 

Avant, on aura eu droit à une scène très sage de désolation dans un village qui subit une épidémie

Les play mobiles noirs du début   triturent dans tous les sens mais très sagement quand même, des corps en blanc : c’est plat et convenu, sans surprise et surtout interminable...

 

La scène dans la forêt ou Siddartha et son cousin s’en vont est visuellement intéressante, comme chaque début de tableau d’ailleurs l’œil est captivé par la nouveauté, par la lumière, par les accessoires...

Mais très vite, la danse s’essouffle et on sombre dans l’ennui

 

Même l’arrivée de l’éveil – très évanescente claire marie Osta – n’apporte ni émotion, ni véritable poésie, c’est beau mais c’est froid. L'éveil s’envole dans les cintres, comme les Sylphides, pour que Siddhartha ne l'attrape pas et mes voisins de derrière éclatent de rire!.... bon.... effet raté, c'est sûr....

 

Et le ballet continue de faire défiler les 16 tableaux, l’un après l’autre, en alternant scène de groupes très sages et duo ou solo qui s'enlisent dans un vocabulaire pas ininteressant mais moins inspiré que ce à quoi Preljocaj nous a habitué.... 

Au final, on aurait pu voir n’importe quoi d’autre…

 

Les idées présentées semblent être un condensé de ce qui a   déjà été exploités par d'autres avant lui : ainsi,  Gallota il y a vingt ans avait fait de Don Juan un «  rockeur échevelé » qui sautait partout sur sons de guitare électrique!

Puis il avait répété son geste avec Nosfératu, un vampire échevelé ! ( pour le rôle, le beau Martinez avait une perruque de longs cheveux noirs, hyper sexy !!!)

(Petit aparté :  j’adore certaines chorégraphies de Gallota, comme les variations d’Ulysse ou Docteur Labus, ou même son Icare, mais d’autres m’ont moins séduite ! il en est ainsi de tous les chorégraphes ! c’est normal ! et cette fois ci Prejlocaj, non, je ne peux pas entrer dans son univers)

 

Je garde de ce Siddharta une impression de  «  beaucoup d’agitation pour rien » doublé d’un « beaucoup de bruit pour rien !!!! »

 

Certes à l’opéra, les danseurs sont exceptionnels : Belingard, Moreau, Osta, Renavand, Lamoureux, Zusperreguy sont extraordinaires et font tout ce qu’ils peuvent pour donner du sens à ce qu’ils dansent

 

Mais les personnages n’existent pas, et ils peinent à amener le spectateur dans l’œuvre

 

J’aurais préféré comme pour Médée une œuvre d’une demi heure, avec quatre ou cinq personnages mieux construits, plus approfondis, au lieu d’être tout juste esquissés ; car on ne sait rien de sa femme, si ce n’est qu’elle aime les parties de jambes en l’air, rien de son cousin, sinon qu’il le suit dans la forêt, rien de son père, si ce n’est qu’il est le roi, et ainsi de suite….

 moins de moyens pour  une plus grande concentration dramatique : oui

 

Là, on a l’impression que Prejlocaj a écrit à la ligne pour étirer son propos sur 1h 40 quand 35 minutes, 40 peut être auraient suffi !

 

Du coup, les danseurs  font tout ce qu’ils peuvent pour sauver de l’ennui une pièce creuse, vide,  sans y parvenir....

 

tant pis!!!! après une soirée ratée ( La dame aux camélias) une après midi ratée!....

 

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