Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

  • : Un jour, une œuvre
  • : Créé en 2006, ce blog rédigé par Valérie Beck autrefois consacré à la danse et à ma compagnie se diversifie davantage.
  • Contact

contact

 
n'hésitez pas à me faire part de vos suggestions, de vos découvertes, ou de vos propres articles!

Rechercher

Noureev

 

Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

marie-taglioni-in-zephire.jpg

29 décembre 2010 3 29 /12 /décembre /2010 09:59

eleonoraEléonora Abbagnato

 

 

Voilà l’une des grandes artistes de l’opéra de Paris !

Elle est d’origine italienne – de la Sicile, pour être précise, et a intégré l’école de l’opéra en cours de parcours… elle explique que cela a été un vrai sacrifice d’être coupée de sa famille, de la Sicile, d’être à Paris… c’est une artiste singulière, vraiment à part dans le monde de l’opéra.

Je ne peux pas en faire un portrait complet, car je ne l’ai pas vue dans tout le répertoire qu’elle interprète, mais chacune de ses apparitions   reste marquée à tout jamais dans ma mémoire.

Si sa technique était moins fragile, sans doute serait-elle étoile ; artistiquement, en revanche, c’est une artiste époustouflante qui s’abandonne complètement à ses rôles. Elle a une façon de se donner sur scène unique, un quelque chose que les autres n’ont pas, une manière de se mettre en danger… on dirait toujours qu’elle danse comme si c’était la dernière fois… comme si sa vie en dépendait. Elle danse avec une sorte d'instinct, ce qui est unique à l'opéra. Non qu'elle n'ait pas une très belle technique - sans être virtuose, mais elle a un côté " animal". En ce sens, elle est à l'opposée de danseuse comme Sylvie Guillem qui met sa technique exceptionnelle au service de son intelligence, de la compréhension de ses rôles; je ne sous entend pas bien évidemment que Eléonora danse "comme ça, sans réfléchir" mais c'est ce qui ressort de sa personnalité. On oublie le travail en amant, on voit un être danser de toute son âme...

 

Très récemment, je l’ai vue dans le Sacre de Pina Bausch, elle était dans le corps de ballet, mais elle crevait la scène…    dommage qu’il ait été si difficile d’avoir des places pas trop chères pour ces représentations, car j’aurais beaucoup aimé la voir interpréter l’Elue.

En octobre, c’est dans le rôle de la Mort  - du Jeune homme et la mort - qu’elle m’a impressionnée. Techniquement, ses trépignements lors de son entrée en scène, sa beauté, sa sensualité mêlée à une cruauté raffinée en font l’une des plus belles interprètes de ce rôle.

 

Ce qui est curieux, c’est que Eléonora est très médiatisée, notamment dans la presse italienne ; elle a un côté star, diva, «  look at me »  un peu irritant parfois !  

Sur scène, tout cela disparaît, elle est simplement une très grande artiste au service de son art

 

C’est dans le rôle de Kitri que j’ai été le moins emballée… j’ai l’impression que ce sont les rôles dramatiques qui lui vont le mieux

Comme l’Anastasia de Ivan le Terrible – qu’on peut voir en DVD au côté du magistral N Leriche ; je regarde très très souvent sa variation où elle attend le retour d’Ivan… elle y est sublime, une fois encore, d’abandon, de lyrisme. Un grand souffle traverse sa variation de bout en bout

 

Voilà deux autres rôles où elle a excellé : Celui de Sylvia qu’elle a dansé au côté de Nicolas Leriche ; j’ai préféré son interprétation à celle d’Aurélie Dupont, sans doute plus sûre dans sa technique, mais qui n’a pas – ou n’avait pas il y a quatre ans - ce registre «  drame » à ses cordes. Le pas de deux final  entre Aminta et Sylvia est tout simplement déchirant ; on est là, impuissant, à regarder deux êtres faits l’un pour l’autre se séparer pour toujours… la jeunesse passée est enfuie, la solitude, glacée, se referme sur Aminta… il n’y a plus de retour possible, et pourtant, l’amour palpable, tisse un fil invisible entre ces deux êtres… Nicolas et Eléonora dansent ces deux personnages d’une façon attachante mais surtout poignante… parce qu’ils le font  tous deux de toute leur âme…

Ce qui fait qu’on ferme les yeux sans soucis sur les deux ou trois imperfections techniques d’Eleonora – comme ses sauts de chat à l’italienne qu’elle ne réussit pas très bien – tant le reste est émouvant au-delà des mots

Car c’est son point fort : transmettre directement ses émotions au spectateur, et faire que celui-ci ressenteivan le terrible 1 comme par empathie tout ce qu’elle traverse sur la scène

Enfin, deux mots sur son Isabelle dans Hurlevent – une fois encore dansé aux  côtés de Nicolas Leriche

Dans la chorégraphie de Belarbi, Isabelle dans à un moment donné les deux pieds noués par son collant, pendant que Heathcliff la maltraite

Eleonora réussit ce tour de force prodigieux qu’on la plaint, qu’on a une immense compassion pour elle, mais en plus, qu’on comprend l’amour qu’elle voue à Heathcliff… et qu’elle est prête, après avoir renoncé à sa vie dorée dans son manoir, à mourir pour cet amour…

Je ne serai pas triste du tout qu’elle ne devienne jamais étoile, tant qu’elle sera distribuée de façon intelligente dans des rôles qui lui vont à merveille et qu’elle danse avec passion

Je préfère continuer à la voir première danseuse talentueuse, qu’étoile qui ne fait pas face…

Quoi qu'il en soit, peu importe les titres. L’opéra a dans cette danseuse un vrai trésor dont, j’espère il prendra soin…

En 2002, lors d’un reportage sur  «  l’école des étoiles » elle se disait non prête à assumer le titre…

Puis elle est partie en 2009 pour un congé sabbatique d’une année, elle m’a manquée ainsi qu’à nombre de balletomanes…

Je suis ravie de son retour à l’opéra et  je me réjouis de la voir donner à ses rôles son âme tout entière.

 

valbeck 29/12/2010

Partager cet article
Repost0
27 décembre 2010 1 27 /12 /décembre /2010 08:58

J'ai revendu ma place, ouf!!!

J'ai renoncé à voir  ce soir le lac avec Cozette et Martinez

Au train où vont les choses, Martinez ne dansera peut être même pas ce soir!

Hier, nouveau coup de théâtre, M A Gillot qui devait danser Odette- Odile ne danse finalement pas

Bullion a donc fait sa prise de rôle avec.... devinez qui?

 Mais avec Cozette bien sûr!

Je peux au moins saluer l'endurance de cette danseuse qui doit en être à son sixième ou septième Lac depuis le début de la série! Elle est sacrément robuste, pour pouvoir enchaîner ainsi lac sur lac!!!

Elle l'a dansé hier, elle doit le redanser ce soir!

 

Si on fait le bilan il y a donc eu Pagliero, ( une seule date)  Cozette, Pujol sur le rôle

Au début de la série Letestu. Et c'est tout! Avec la défection de MAG, cela ne fait que deux étoiles qui tiennent la route pour cette série!

C'est bien maigre pour une maison comme l'opéra!

 

Moussin n'a pas repris le rôle cette année - ou on ne le lui a pas permis - Dupont attend un deuxième enfant, Ciaravolla est blessée, ainsi que Gilbert.... ces quatre grandes ballerines ont cruellement manqué sur cette série!

 

Côté garçon, Leriche ne l'a donc finalement pas dansé; il y aura eu Ganio, Martinez, Bullion ( prise de rôle, ça a du être quelque chose de monter sur scène avec une danseuse avec qui on n'a pas répété!!!) Paquette....

 

Pourquoi ne pas avoir confié le rôle à d'autres premières danseuses ou a des sujets talentueux?

Noureev l'avait fait en 1983 : il faut dire qu'il y avait du beau monde : Averty, Guillem entre autre qui avaient dansé le rôle en  première danseuse et sujet...

 

Bref, ma place, je l'ai bradée, j'espère avoir fait un heureux! je mets les sous de côté  pour m'offrir un beau Roméo et Juliette à la place!!! - argh, ça va encore être quelque chose d'attendre les distributions!!!!

 

C'est d'autant plus triste, cette série du Lac, que le Sacre de Pina Bausch montre à quel point les danseurs de l'opéra peuvent donner sang et eau pour une oeuvre à laquelle ils croient....

 

Quel gâchis... on va finir par le savoir que BL n'aime pas les ballets classiques!!!!

Partager cet article
Repost0
26 décembre 2010 7 26 /12 /décembre /2010 21:43

kate_bush_10.jpgPour changer un peu parlons musique!

J'ai une formation classique, mais très tôt j'ai été attirée par les "musiques du monde" C'est sans doute la raison qui m'a poussée après le piano et le violoncelle, après le chant classique, à m'initier à la darbouka, aux sagattes, au djembé... je me mettrais bien à la harpe celtique, mais je n'ai pas le temps...

j'ai poursuivi cette quête dans la danse, en suivant des cours de baratha, de flamenco, d'odissi, d'africaine, de flamenco, de jazz...

Mes spectacles amateurs sont traversés d'influence " world" aussi bien sur le plan de la danse que de la musique... ce n'est pas un hasard...

 

Quand dans les années 80, Peter Gabriel a créé son label " Real World" ( pour promouvoir des artistes du monde entier, projet qui a vu naître une quarantaine d'albums, lui a fait perdre beaucoup d'argent mais a permis à un grand nombre de découvrir des artistes totalement méconnus) j'ai été emballée!

 

J'ai écrit - et j'écris - encore des chansons

Par manque de talent, ou de rencontre, ou les deux, je n'ai jamais pu donner le jour à ces oeuvres que j'avais en tête qui auraient plongé leur racine dans la musique orientale, asiatique, celtique, ou autre, mais sans renoncer pour autant à la qualité musicale...

 

D'autres l'ont fait pour moi avec un talent exceptionnel!!!! elles ont écrit, joué, chanté, crée la musique dont je rêvais!!!

Je les range aux côtés des " grands compositeurs" que j'ai joués au conversatoire tant la qualité musicale est là!

 

Je vous les présente

 

toriamos.gifTout d'abord, il y a Kate Bush, un vieil amour musical de plus de trente quatre ans - depuis 1978 pour être exacte

elle ne sort quasiment plus d'album, mais ceux qu'elles a écrits sont immortels

sa voix, ses mélodies, les arrangements, et les influences rock mais aussi irlandaises ou autres, font de son univers musical l'un des plus original, l'un des plus extravagant!

De son incroyable " Wuthering heigh" à " Hello earth" en passant par Kashka from Bagdad, Delius, Violin, Sat in your lap, ou get out my house pour ne citer que ceux là - il faudrait en rajouter tant, comme le Jig of life- toutes ces chansons expriment une créativité musicale, un univers extraordinaire et jamais ni égalé, ni même imité ( même de fort loin) Sa voix couvre une tessiture impressionnante, ses musiques vont du rock déjanté à la chanson toute simple comme Army dreamer; d'autres plongent leur racine dans les traditionnels irlandais - jig of life, - d'autres sont expérimentales - bref... Bush a exploré tant et plus, ne s'est jamais reposée sur "l'acquis"... on comprend que David Gilmoor l'ait pris sous son aile. Et en plus, quel physique!!!!

 

 

Ensuite, Tori Amos

Un autre genre de zébulon dans le monde de la musique

j'écoute en boucle son 1000 océans, son China, ou encore la chanson échevelée qu'elle a écrite sur " le vaisseau fantôme"

Comme Kate, elle joue de piano! une créativité impressionnante; je l'ai vu sur scène, avec ses deux claviers, sa voix à la fois fragile mais maîtrisée, son charisme, sa présence, sa musicalité... un concert inoubliable....

 

A leur côté, la magnifique Loorena Mckennit, qui joue elle aussi du piano, mais aussi de la harpe celtique, de loorena.jpgl'accordéon... Canadienne d'origine, elle explore un univers celte, bourré d'autres influences musicales

Elle a l'art de vous embarquer dans une longue ballade d'une dizaine de minutes, sans que votre attention ne retombe comme " the lady of shalot" par exemple et tant d'autres

Elle mêle des airs venus d'ailleurs, comme dans son ancien muse

Un magnifique dvd " nights of alhambra" est sorti : c'est à pleurer!

de l'aussi belle musique servie par une telle dame de coeur entouré par des musiciens " world" ... !!! de quoi exploser de jouissance esthétique!

 

Et enfin, ma quatrième dame de coeur est Lisa Gerrard

Univers à mi chemin de la wolrd music, de l'univers médieval

Lisa a une incroyable voix de mezzo, profonde, parfois caverneuse, parfois claire

ses mélodies sont envoutantes

ses mélopées lancinantes

On entre dans son univers et on perd tout repère

 

Je leur rends hommage ici à toutes les quatre ; Je leur ai emprunté beaucoup pour mes spectacles

Dans le prochain spectacle - espérons qu'il voit le jour, il est prêt dans ma tête!- , Lisa Gerrard sera beaucoup à l'honneur

 

Elles ne sont sans doute pas connues du " grand public" mais dans l'univers musical du XX et du XXI, elles sont pour moi des chanteuses, auteurs- compositeurs interprètes de génie....

 

Lisa-Gerrard-Bruce-Magilton-5401660.jpgC'est ma famille musicale, celle dans laquelle je me reconnais à 300 cent pour 100, celle qui me connaît mieux que moi même, celle qui connaît ma force, mes faiblesses, mes douceurs, mes violences, mon héroisme et ma spiritualité; je suis toute entière dans ces chansons ; c'est comme si elles étaient les résonnances de mon âme...  ma famille musicale me porte tous les jours, m'accompagne  à chaque instant. Elle est ma terre d'asile....

 

Partager cet article
Repost0
26 décembre 2010 7 26 /12 /décembre /2010 21:29

image004.jpgCe ne sont pas les œuvres qui comptent, mais les interprètes ! C’était tellement vrai cet après midi à Garnier du 26 décembre 2010 !

Trois œuvres reliées par un fil invisible

 

Dans la première : trois filles  un garçon (Apollon musagète- 1928) – Ganio, Ould Braham, Daniel, et la sublime Osta

Dans la seconde : deux garçons- une fille ( O slozony- 2004) – Carbone, Bélingard, Zusperreguy

Dans la dernière : 16 garçons – 16 filles et un face à face : fille garçon ( Le Sacre- 1975)

 

On passe du poétique, à l’onirique, puis de l’onirique à l’hypnotique !

Qu’est ce qui relie ces œuvres ?

 

Une certaine épure: l’épure du langage, du style, de la grammaire utilisée ; presque une forme de minimalisme

Il ne s’agit plus de divertir le spectateur mais de le plonger dans un état de perception ou d’émotion bien particulier suivant les œuvres

Il faut donc laisser son mental au vestiaire et ouvrir son imaginaire, sa faculté à la contemplation ; inutile de chercher un sens, une narration

Il faut accepter d’être emmenée là où on n’a pas forcément envie d’aller

En ce sens, ce programme va crescendo

C’est qu’elle est douée, BL, pour créer ces fils subtils…..

 

Trois univers différents, trois émotionnels différents et un travail sur le féminin et le masculin

Dans la première, Balanchine simplifie le geste quand Stravinsky, lui,  simplifie sa musique, renonce à certains «  effets » Apollon mène la danse…. Mais la mène t’il vraiment ?

Dans la seconde, Trisha Brown crée un alphabet, base de son travail sur un texte polonais mis en musique par l’artiste underground Laurie Anderson (compagne de l’incroyable Lou Reed, ex leader du velvet underground) et nous emporte dans un univers onirique ou l’on perd soi même en tant que spectateur nos propres repères,quand on ne se perd pas soi même

Dans la troisième, Pina Bausch cherche dans un langage simplifié l’expression maximale des émotions : peur- angoisse- soumission et son refus ; on est «  hébété », sans pensée, mais toute viscère à vif !

 

Les œuvres sont toutes de petits bijoux mais pas forcément servies par les meilleurs interprètes

 

Ainsi Apollon Musagète, malgré des danseurs de qualité, oscille entre poésie et ennui

Poésie lorsque Claire Marie Osta – sublime – danse avec M Ganio qui n’a pas vraiment su ce qu’il voulait faire d’Apollon. Magnifique pas de deux ! quelle magie, tout à coup ! Ganio apparaît enfin et on est emporté hors du temps…

Ennui lorsque N Daniel et M Ould Braham s’emparent d’une œuvre qui, malgré leur qualité de danse évidente – devient scolaire….

 

C M Osta est décidément plus qu’une ballerine : c’est une artiste à part entière qui «  réveille » M ganio : dès le début de leur pas de deux, M Ganio gagne en présence, en poésie, en authenticité ; malheureusement, tout cela s’efface dès qu’il se retrouve seul en scène

 

 

L’œuvre en elle-même est épurée mais poétique ; il faut vraiment des interprètes de génie – Claire marie est de ceux là et M Ganio pourrait en être s’il se faisait confiance – pour donner de la vie à cette pièce

 

Suivait O Slozony/o Composite:

Je l’ai vu en 2004 avec Legris- Dupont- Leriche : un pur moment de bonheur !!! je rêvais de revoir cette œuvre depuis

La revoir avec Zusperreguy – Carbone et Belingard donne un tout autre résultat

La symbiose entre les trois artistes n’a pas pris ; les trois hésitent dans leur engagement comme s’ils craignaient mutuellement de se faire de l’ombre

Ce qui coulait de source en 2004 devient cahoteux

Tantôt l’œuvre devient vivante, intense, tantôt elle retombe dans le scolaire et le «  bien dansé » mais sans ce grain de folie que j’attends toujours de la part d’artistes de ce rang !

Bélingard, d’habitude si fougueux est tout sage, et Carbone semble redouter les faux pas

Zusperreguy tour à tour illumine la scène ou disparaît

Cette œuvre lunaire servie par une musique «  hypnotique «  - elle m’a plongée dans les mêmes états que lorsque je fais du yoga nidra- manque d’un petit «  grain de sel » pour la faire vraiment décoller

 

Enfin, chef d’œuvre absolu, magnifiquement rodée par la troupe de l’opéra : le Sacre de P BauschSacre-Bausch-Kudo-Romoli.jpg

Pour avoir analysé la partition dans tous les sens, décortiqué timbre et tonalité, j’ai une connnaissance  profonde, complète, académique de la partition – pas mal jouée du tout, d’ailleurs, bravo à l’orchestre

 

Et là ?

Adéquation totale entre la musique de Stravinsky et le propos de Pina

 

Béjart, Prejlocaj, Nijinsky peuvent se rhabiller !!!!

Pina a su écrire une œuvre «  économique » mais puissante

Cet après midi servie par des interprètes qui sont comme des poissons dans l’eau

Attention : talents !

Si je n’ai pas reconnu tous les danseurs je cite pêle mêle Abbagnato (le diable au corps ! quelle interprète ; elle est comme l’Isabelle de Hurlevent, totalement possédée !) Kudo ( sublime) Renavand, Muret, Bance, investies jusqu’à en mourir !

Côté garçons, pas mal non plus : Hoffalt, Romoli, Carbone ( plus rien à voir avec l’œuvre d’avant, là , il est totalement présent, il est à fond !!!! je le suivais et je me disais : le bougre, pourquoi faut il qu’il soit noyé dans le corps de ballet pour oser être lui-même ????)

 

L’œuvre, ?

On pourrait écrire une thèse dessus !

Mais on peut faire plus simple

Les émotions – la peur, l’angoisse, la soumission et son refus – sont palpables tout au long du ballet

Pina a su créer – comme pour Orphée d’ailleurs – un langage simple qui tient en la répétition d’un certain nombre de phrases chorégraphiques qui collent parfaitement à la musique

Martellement du sol avec le pied, - sol couvert de terre- jeux de bras preque primitifs, corps qui se relâchent vers le bas,  en différentes secousses, sauts qui tentent de s’en libérer pour mieux   retomber

 

L’art de Pina réside non seulement dans l’économie de moyens, mais dans la façon simple qu’elle a de suivre la musique : elle marque les accents, elle glisse sur le reste

Ainsi les accents des percussions retentissent dans les corps, qui oscillent, vibrent, martèlent, sont pris de spasmes

Mais le tout esthétiquement, reste beau… ça veut dire quoi ce mot dans ce context ?

Que la ligne des corps reste  lisible et fluide, que les mouvements des filles sont moelleux à souhait, que jamais les garçons ne dansent en force.

A la fluidité des corps fait  écho la fluidité des cordes de l’orchestre, comme si c'était les gestes des danseurs qui commandaient la musique et non l'inverse.   La polytonalité des bois et des cuivrent créent des lignes comme aléatoires sur la scène

  Pina a un sens  de l’espace   extraordinaire !

Tout se décentre, mais rien ne se mélange ; la lisibilité du propos est parfaite

Femmes et hommes s’opposent jusqu’à en créer un puissant malaise mais en même temps s’entremêlent, se cherchent, se fuient, se complètent, se repoussent,  se violentent mais parfois créent   ensemble une immense ronde où les couples s’apprivoisent pour un court moment

Le centre de la scène disparaît sans que l’ordre ne soit anarchie

 

Kudo, parfait dans le rôle de l’élue – les dix dernières minutes de l’œuvre, mais les autres tout aussi parfaits

L’œuvre doit être crevante à danser !

A un moment, l’orchestre se tait : on entend les respirations haletantes

 

Je n’ai pas cherché à donner un sens

J’ai simplement reçu les émotions, la fatigue des danseurs – à en pleurer, à en avoir la gorge nouée, à en sortir discrètement mon mouchoir, à en avoir le corps parcouru de spasmes, tout comme eux !

Jamais je n’ai senti des émotions passer directement des danseurs à ma propre personne aussi violemment !

Ce sacre : c’est une transfusion faite en direct des danseurs aux spectateurs

On est obligé de vivre ce qu’ils vivent, de ressentir ce qu’ils ressentent, la peur, la révolte, la fatigue, le «  je n’en peux plus, que tout s’achève ! »

 

Que dire de plus ?

Merci aux trente deux danseurs de ce Sacre…. Et à P Bausch

 


 

 Ce texte est un compte rendu rapide écrit d'une traite pour le forum " danser en france"

 je me propose dans les jours qui viennent d'approfondir ces trois oeuvres dans trois articles différents

j'en prépare les liens d'avance

 

Apollon Musagète - Balanchine ONP 26 décembre 2010

O Slozony O Composite Trisha Brown ONP 26 décembre 2010

Le sacre du printemps - Pina Bausch ONP 26 décembre 2010

 

Sur chacune de ces oeuvres, il y a tant à écrire et à ressentir!

 

 

Partager cet article
Repost0
20 décembre 2010 1 20 /12 /décembre /2010 19:30

pas de chance : Dorothée Gilbert est blessée, elle ne dansera pas le lac; du coup, Nicolas Leriche non plus! MOi qui voulais lui faire dédicacer le livre d'Anne Deniau!!

 

Agnes letestu et José martinez doivent récupérer les dates sauf que ... claquage au mollet pour Agnès!

Qui va donc remplacer la remplaçante de Dorothée????

 

il y a quatre ans, les cygnes avaient la grippe aviaire! il n'y avait plus que 22 cygnes sur les 28 de la chorégraphies... c'était d'un triste, ces lignes toutes rabougries

 

 

Cette année, les étoiles ne brillent pas, et les belles étoiles de Noel sont blessées... que reste t'il?

Les solides mais sans strass.... sans stress non plus

 

Vais je acccepter de voir Pagliero ou Cozette dans le lac? vais je revendre ma place?

 

et bien, j'irai quand même!

 

ne serait ce que pour les sublimes actes blancs du deuxième et du quatrième acte...

pour la magie des cygnes, pour la magie de l'âme slave qui souffle sur la partition ( que l'orchestre colonne massacrera sans doute!) pour Noureev, même si son âme a lui sera sans doute trahi...

 

En ce moment, je danse sans arrêt à la maison la variation d'Odette... enfin, j'essaie... pour moi, l'une des plus belles variations classiques avec celle de Giselle à l'acte 2

 

J'espère de toutes mes forces que Pujol remplacera la remplaçante de Gilbert....

 

Allez sur le site de D Gilbert, en page d'accueil vous la verrez danser la code du seconde acte : elle est belle!

ce n'est pas tout à fait le style de cygne que j'adore, mais elle est belle quand même!!!!

 

lac des cygnes, cru 2010 : à suivre!!!

 

à lire : lac des cygnes 2010 ONP, sur ce blog! ( dans opéra de paris!)

Partager cet article
Repost0
11 décembre 2010 6 11 /12 /décembre /2010 10:52

sebastien-mathe.jpg

Article écrit en 2008

 

 

Le 29 janvier 2011, Nicolas Leriche aura 39 ans ; selon les règles de l’ONP, il lui restera trois ans avant la fameuse «  retraite ». J’y pense avec inquiétude : qui prendra la relève après son départ ? Qui a l’opéra possède son charisme, son intelligence, sa sensibilité, sa générosité et sa virtuosité ? Qui a en scène une endurance a toute épreuve ? Qui est capable de passer de Trisha Brown à Noureev, de Mats Ek à Neumeier avec le même talent ? Actuellement, à part lui, personne ! Martinez aura quitté la scène… et puis, même si j’admire beaucoup Martinez, je ne ressens pas émotionnellement la même chose que lorsque c’est Nicolas qui danse. En scène, Leriche se donne tout entier à son public.  On dirait qu'à chaque fois il offre son âme à son public. C'est rare et d'autant plus merveilleux que ce danseur est unique en son genre.

 

Nicolas est entré à l’école de danse en 1982 ;  on le voit d’ailleurs dans le documentaire « les enfants de la danse » : doué et charismatique, il l’est déjà,  cela ne fait pas l’ombre d’un doute !

Six ans plus tard, il entre dans le corps de ballet comme quadrille, cinq ans plus tard, il est nommé étoile par Patrick Dupont. Il a seulement 21 ans ! En onze petites années seulement, il s'est hissé au statut suprême : celui d'étoile... 

 

Ce danseur profondément sensible, humain, incarne chaque personnage avec toute son âme. Un petit vent «  slave »  souffle  sur la danse de cet artiste. Est-ce parce qu’il a été dans le corps de ballet à l’époque où l’âme de Noureev y était encore présent ? Je ne sais pas. Mais Nicolas Leriche est la synthèse parfaite d’un danseur expressif, profond, et techniquement, d’un danseur virtuose.

En ce sens, il est dans la filiation des Noureev. Ce qu’on emporte avec soi après une représentation, ce n’est pas « Leriche danseur », mais Abderam, Heathcliff, Siegfried, Roméo, les personnages qu’il a incarnés et qui nous sont entrés tout droit dans le cœur.


J’ai eu la chance ces quinze dernières années de le voir danser Albrecht, Siegfried, Aminta (Sylvia), Orion (Sylvia), Ivan le terrible, Heathcliff, Boléro, l’Oiseau de feu, Don José, Abderam, Siddharta, Petrouchka, Le Faune (Nijinsky, Robbins) Basilio, Appartement, Caligula, Désiré, Quasimodo, O Slozony, Suite en blanc, le Train bleu, le Jeune homme et la mort, Clavigo, et suites of dance de Robbins, Rendez vous notamment…ivan_le_terrible_1.jpg

 

Chaque personnage est unique et inoubliable.

Dans le Sylvia de Neumeier il est Orion, facétieux, espiègle, léger, virevoltant, candide et insouciant. Sa danse vive palpite comme le coeur d’un adolescent. Dans ce même Sylvia,  quelques jours plus tard il est Aminta, l’amoureux transi de Sylvia : blessé, le cœur en hiver, il erre solitaire à la fin du ballet dans les bois où ne résonne même plus l’écho de sa jeunesse ni la voix des nymphes disparues. On emporte avec soi cette souffrance, cette amertume, et des années plus tard, on s’en rappelle avec une précision confondante…

Nicolas a ce talent de nous emporter au cœur même d’une œuvre ; il doit être un interprète de rêve pour les chorégraphes ! Non seulement il transcende la technique, mais il apporte aux rôles une personnalité humaine et son extraordinaire intelligence de la danse.

Techniquement,   il n’a pas la ligne d’un Legris ou d'un JG Bart,  mais sa présence en scène est terriblement féline. Il en a l'aisance, la démarche, l'ardeur, l'allure dans la puissance de ses sauts, de son élévation. En outre, il peut être  tout à la fois très viril et féminin. En ce sens, c’est le frère jumeau de Guillem. Tous deux sont capables d’exprimer leur côté féminin et masculin avec la même foi.

Dans le jeune Homme, ce danseur devient une pauvre chose toute pétrie de souffrance. Et pourtant, sa danse reste puissante, virtuose, engagée. Il n’hésite pas à prendre des risques. Le rôle passe avant tout.   

Dans Ivan le terrible, il  incarne à la toute fin du ballet le pouvoir absolu, dans toute sa force terrible et destructrice. Auparavant, il nous aura montré tout le lyrisme dont il est capable lorsqu’il aime Anastasia ou encore toute sa fragilité, lorsqu’il est malade et traîne misérablement sur les genoux, sans pouvoir se redresser. Dans la conclusion de ce ballet, le mot terrible prend tout son sens. Nicolas saisit toutes les cordes et s'élève au dessus de la scène. On en reste cloué sur son fauteuil...

 

Bref : l’opéra de paris a un artiste magnifique, unique, un véritable joyau. Je dois le voir dans son dernier Lac des cygnes… payé une fortune puisque j’ai attendu les distributions pour prendre ma place…. Pour les trois saisons qui lui restent à l’opéra, je suis encore prête à casser souvent ma tirelire. Ce type d’artiste est si rare !

 

 

Il faut aussi évoquer Boléro, que ce danseur tient de bout en bout avec une puissance, une majesté, une sensualité et une présence hallucinantes. Il oppose à un travail féminin des bras et du bassin, une force féline dans ses sauts, ses attitudes, ses battements. 

 

Parlons à présent de  Siegfried : j'ai encore des frissons, rien qu'en y repensant, je l'ai vu aux côtés de Guillem,  - un de ces soirs où rien qu'à cause de sa présence, il y avait une électricité dans la salle intenable -  mais lui, tellement humble, tellement lunaire, happé par son rêve, a apporté ce soir là, toute la poésie qui manquait parce que la salle très "people" était venu pour la Guillem ( d'ailleurs magnifique elle aussi!)  

La première variation vous donnait la chair de poule: rien qu'avec un port de bras, un regard, une façon de placer la tête, Nicolas vous donnait à ressentir le spleen de ce jeune prince...  quelques années plus tard, aux côtés de Letestu et de Paquette,  il formait un trio en si parfaite symbiose qu'on ne pouvait plus quitter son fauteuil à la fin du ballet : on était " stupéfixié" comme le dirait JK Rowling...  c'était une perfection pleine de " rasa"... je revois encore le cygne fragile, le précepteur dur comme le métal, et le prince, belle âme si fragile sombrant dans le lac déchaîné....

 

Et puis Albrecht : que sa partenaire soit Pujol ou A Dupont, ce prince  amoureux et plein de culpabilité,  livre son âme au public; les entrechats du dernier acte doivent  donner les larmes aux yeux à Noureev qui les a, le premier, intégrés au ballet  pour  " qu'on entende les battements de coeur du Prince- " ( dixit Noureev) et quand Nicolas danse, on sent son coeur battre si fort que le nôtre s'arrête... inoubliable Albrecht....

 

rappelons nous de Basilio.... Pietra, Guillem, Letestu furent ses partenaires.... et Nicolas nous a enthousiasmé par sa fougue, sa drôlerie, sa virtuosité, son ardeur... on ressort du spectacle avec une joie de vivre qu'on porte longtemps en soi....

 

Son Heathcliff aux côtés de la magnifique MA Gillot, du ténébreux Romoli et du fragile Paquette était un condensé de cruauté, de passion et de désespoir...son Clavigo était trouble à souhait, maléfique, félin et cruel... son Faune, tout de désir paré... son Rendez vous donnait envie de le sauver, et son personnage dans suite of dance, plein d'ardeur, nous rappelle que la fougue vibre dans ses veines avec vigueur.... et que cette fougue est communicative... chaque rôle mériterait qu'on s'attarde pour en parler. Il suffit que je revois le ballet pour ressentir l'émotion et ce qie le personnage m'a transmis alors.... quand à son Quasimodo... si touchant si pathétique, si douloureux.... aux côtés de la si belle Guérin, il était fragile et emplissait le coeur des spectateurs de compassion...

 

 

Bref, même si c'est un peu absurde de réduire un artiste en mot, ceux qui me viennent pour Nicolas, sont virtuosité, puissance et âme; en scène, il ne danse pas : il est, il donne...


Le_Riche_couv-2.jpgÀ noter le magnifique livre que lui a consacré Anne Deniau dont je parlerai dans un prochain article.

   

 

Un documentaire date de 1999 : il est superbe.... depuis, sa carrière s'est écoulée.... comme cela a passé vite, hélas...


à suivre : Nicolas Leriche, quelques autres rôles

Dvd, documentaires


lire aussi sur ce blog : caligula

et les articles suivants!

 

note du 13 avril :

 

A LIRE : les adieux de Nicolas Leriche

Partager cet article
Repost0
7 novembre 2010 7 07 /11 /novembre /2010 21:40

122255535_small.jpgLe lac des cygnes

 

 

Il sera donné à l’ONP à partir du 29 novembre et jusqu’au 4 janvier

J’ai réussi à avoir à «  l’arraché » une place pour voir Dorothée Gilbert et Nicolas Leriche

J’aurais tout aussi bien pu prendre des places pour voir Mathieu Ganio et Laetitia Pujol

Parmi les distributions proposées, ces deux-là sont celles qui me tentent le plus

Je ne désire pas voir Cozette, ni Pagliero, ni Letestu que j’ai déjà vue et qui est parfaite dans le rôle, ni MA Gillot que j’adore, mais que j’ai du mal à imaginer en cygne

Malheureusement, Ciaravola n'est pas assez remise de sa blessure pour danser le double rôle d'Odette-Odile, et c'est dommage car elle aurait sans doute fait un cygne blanc magnifique; pour le cygne noir, elle aurait eu l'intelligence de lui insuffler de l'esprit, j'en suis sûre!

Pour les hommes, c’est vite vu : Ganio ou Leriche, point !  J'aime bien Martinez quand il ne danse pas avec Letestu. Ils se refroidissent l'un l'autre...

 

Ganio a tout mon amour ; il est magnifique, sensible, poétique, et a prouvé l’an passé en dansant Casse Noisette qu’il était un danseur aux lignes parfaites et à l’immense sensibilité artistique

Si j’ai émis des réserves quant à son interprétation, il n’en reste pas moins pour moi une véritable étoile ; j’aimerais beaucoup voir ce qu’il donne dans le rôle ambigu de Siegfried

 

Dorothée Gilbert, elle, se range aux côtés des Pontois et des Loudières. Elle en a l'éclat, le brio, la virtuosité.

J’ai émis les mêmes réserves l’an passé sur son personnage de Clara – elle était trop éclatante, trop princesse, pas assez petite fille- mais sa danse est si belle !

Son partenariat avec Leriche devrait être superbe

 

Leriche, lui, je le connais et je l’adore ; je l’ai vu dans ce même rôle avec Letestu et Guillem.

Prince tout en tristesse, en souffrance, en féminité, en naïveté, avec une danse si modeste et si maitrisée tout à la fois!

Guillem reste d’ailleurs mon meilleur cygne, car une fois encore, elle bouleverse les codes

Son cygne noir est malicieux, facétieux, et pas seulement «  cygne fatal »

Et son cygne blanc est à pleurer ! Elle sait être lyrique sans être mièvre, languide, sans être mollassonne; et malgré sa grande taille, son cygne semble fragile, blessé...

 

Bref !! J’ai hâte !

 

En outre, la partition est tellement slave ; j’adore l’écouter, pour elle-même !

Certes, la partition sera massacrée une fois de plus par l’orchestre, mais qu’importe

J

e veux encore être emportée par la magie de son conte slave auquel mon cher Noureev a donné son âme

En créant le personnage du tuteur, il a installé une dimension nouvelle dans le ballet

Le Prince n’est plus ce nigaud qui prend un cygne pour une princesse, et confond le noir et le blanc, mais un être qui n’est pas en phase avec le monde réel, et essaie de s’en échapper, tel louis II de Bavière amoureux de Lohengrin. Il s'était fait construire une barque en forme de cygne, dans laquelle il se faisait promener sur un lac artificiel, dans un de ses nombreux châteaux. Lohengrin,  c'est le chevalier au cygne. Quand au dernier château qu'il habita, il s'appelait  Neueschwanstein ( nouvelle pierre du cygne) édifié sur un piton rocheux, tout près du lac du même nom dans lequel on retrouvera son cadavre...   Louis II était homosexuel

Je suis sûre que c’est son fantôme qui a inspiré Noureev…. Le Prince finit lui aussi dans le Lac, comme Louis II...

A noter que Proust aussi aimait le Lac des cygnes. Swan, c'est cygne en anglais. Du côté de chez Swan, c'est aller du côté du cygne. Quand à la cocotte qu’aime Swan, elle s’appelle Odette, nom du cygne dans le lac...

Quand Swan la rencontre la première fois près de l’opéra, elle porte une sorte d’aigrette, comme la coiffe que porte les danseuses pour ce rôle.

 

Parmi mes souvenirs, il y a Froustey, perdue dans le corps de ballet mais sublime. Je m'ennuie toujours pendant les actes 1 et III, mais la dernière fois, j'ai regardé Froustey, aux jumelles, danser dans le coprs de ballet, et c'était sublime!

Il y a aussi les quatre petits cygnes d’il y a quatre ans qui était superbes; parmi eux,  Gilbert et Froustey  ( encore elle!!!) dans ce sublime quatuor ( filmé dans le dvd opéra de paris)

 

Pauvre Froustey, qui devrait être promue première danseuse depuis longtemps, mais qui pour des raisons qui m’échappent, végète encore en tant que sujet…. cette année encore, elle a été refusée au poste de première danseuse....

 

Voilà, je vais essayer de trouver des places pas trop chères pour voir aussi Ganio- Pujol…

Sinon, j’espère que les répétiteurs ne donneront pas trop de froideur à ce Lac slave qui n’a plus grand-chose à voir avec celui qu’avait monté Noureev

Les cygnes avaient alors une autre allure ! Car Noureev n'hésitait pas  à mélanger quadrilles, coryphées, sujets... et puis tous les pas avaient un vrai sens... ce n'étaient pas que des formes vides....

A noter qu’il y a quelques années, victimes sans doute de la grippe aviaire, les 24 cygnes n’étaient plus que 18 sur scène … c’était un peu triste, ces lignes réduites, et ces figures faites tant bien que mal....

Pauvre opéra, même pas capable d’avoir des remplaçants sous le bras… à ce niveau là, quand même !!!

 

Bon, rendez vous au 27 décembre, pour mes impressions !!!

Ce sera sans doute le dernier lac parisien de Leriche, qui aura ses 39 ans au mois de janvier

Plus que trois petites années à danser…. Sniffff ! qui, après lui ?????

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
6 novembre 2010 6 06 /11 /novembre /2010 20:43

Andromaque à la comédie française

 

 

187485-andromaque-une-jpg_83601.jpgCe texte magnifique, où devoir et passions se heurtent et s’entrechoquent, est mis en scène d’une façon froide, mais poétique par Muriel Mayette.  Les tons pastel, à peine éclairés,  qui se déclinent en bleu clair, blanc-beige et gris légers donnent un côté surnaturel et lisse qui contraste avec  le drame qui se déroule  sous nos yeux. Même lorsque les grands rideaux blancs qui flottent au vent, s’ouvrent sur le fond bleu de la scène, évoquant la mer toute proche, la lumière n’apporte aucune joie, aucun éclat. Il est vrai :  par la mer vient le malheur et la guerre : hier à Troie, aujourd’hui en Épire.

Les costumes à l'antique, légers, s’envolent au moindre mouvement, comme si les personnages n’étaient que des ombres sans consistance. Sont-ils simplement les prisonniers des grandes colonnes blanches qui compartimentent l’espace, tels les barreaux d’une immense prison ?

Chaque vivant à son fantôme qui le suit pas à pas et  l’oblige à vivre une vie dont il ne veut pas : Achille hante Pyrrhus, Hector, Andromaque, et Agamemnon ne laisse pas Oreste en paix. Du fond de leur tombeau, les morts revendiquent, exigent que les promesses soient tenues, réclament des sacrifices malgré la guerre finie.  L’est-elle vraiment ?  

 

Il y a un magnifique film de B. Tavernier qui s’appelle « après la guerre » et qui montre qu’en 1920, même si elle est terminée, la guerre est encore là, tapie dans tous ces disparus que les vivants recherchent pour être en paix. Les morts dirigent encore les vivants! Ce titre conviendrait bien à Andromaque

 

 gpr_andromaque1011.jpgMais revenons à cette mise en scène : au milieu de cette tourmente, Pyrrhus, royal, brisé, mais qui décide, qui aime, et qui brave son propre peuple pour protéger Andromaque et son fils.  Il est né roi, il est fils de roi ; c’est le chef.  Magnifique Éric Ruf, tout pétri de majesté, d’autorité naturelle, et de désirs contradictoires. Je ne l’avais encore jamais vu sur scène ; déjà, à la TV, il me faisait forte impression, avec ce mélange de force, de douceur, de sensibilité et de virile féminité. Sur scène, il est sublime : il contraste avec le fragile Oreste, (Clément hervieu-léger)  tout en nerfs, dont le cœur sert de griffoir à l’odieuse Hermione. Léonie Simaga insuffle à ce personnage capricieux,   tout imbu de sa personne une humanité touchante. Par quelle magie ? Comment fait-elle pour rendre attachant cette princesse détestable qui manipule Oreste suivant son bon plaisir comme un enfant gâté, sa marionnette, qu’elle va jusqu’à disloquer ? On devrait la haïr ; on est épouvanté pour elle ;

De son côté, Andromaque - Cécile Brune –  se drape dans son destin de veuve et ne reste en vie que pour que son fils vive aussi. Quand on la voit arriver et qu’on comprend que c’est elle, Andromaque, on est déçue ; elle fait bien plus vieille que Pyrrhus, et sa voix conviendrait mieux semble-t-il à du théâtre de boulevard qu’à du Racine. Et pourtant, cette actrice dans certains passages du texte soulève en nous des torrents d’émotion

Je l’entends encore nous dire l’horreur de Troie, les cadavres de ses frères, le massacre de sa famille, la lueur de triomphe dans le regard des assaillants… tout à coup, Cécile Brune nous offre un véritable moment cinématographique où l’espace scénique disparaît au profit de notre propre espace mental et des ses représentations

Tout n’est pas génial dans son interprétation d’Andromaque, mais elle a des moments divins !

La clé de son personnage est dans ses souvenirs, dans cette vision d’épouvante qu’elle a vécue. Elle vit dans le passé et est morte pour le présent. Pleine de contradiction, elle souhaite tour à tour la mort de son fils, puis sa vie… tient la tête haute à Pyrrhus, se soumet – on la comprend ! – puis décide de mourir pour honorer sa fidélité  à Hector, son époux,  qu’elle a vu traîner derrière le char d’Achille – son beau père en quelques sortes !

Les rôles secondaires sont dans l’ensemble inspirés. Cléone a une diction parfois étrange, mais sait se montrer convaincante à d’autres ; Céphise est parfaite et Phénix aussi

 

Voici la liste complète :

 

·                          Cécile Brune: Andromaque, veuve d’Hector, captive de Pyrrhus

·                          Éric Ruf: Pyrrhus, fils d’Achille, roi d’Epire

·                          Céline Samie: Céphise, confidente d’Andromaque

·                          Léonie Simaga: Hermione, fille d’Hélène, accordée avec Pyrrhus

·                          Clément Hervieu-Léger: Oreste, fils d’Agamemnon

·                          Stéphane Varupenne: Pylade, ami d’Oreste

·                          Suliane Brahim: Cléone, confidente d’Hermione

·                          Aurélien Recoing: Phoenix, gouverneur d’Achille, et ensuite de Pyrrhus

Mise en scène de: Muriel Mayette
Assistante à la mise en scène: Josépha Micard
Scénographie et Lumières de: Yves Bernard
Assistant scénographe: Michel Rose
Costumes de: Virginie Merlin

 

Une soirée marquante, qui m’a permis de renouer avec la langue claire, simple et si magnifiquement maitrisée de Racine qui, décidément, décrivait les contradictions de l’âme humaine aussi bien que Freud… bien avant l’heure ! Son théâtre est humain, il est resté moderne.  Peut-être suis-je naïve, mais j’ai été tout étonnée de suivre aussi aisément l’embrouillamini des sentiments des uns et des autres, et de ne pas me perdre dans leur lignée ; tout semble clair, logique ; la mise en scène permet de ne pas se perdre en interrogation intérieure ; on comprend, on suit, on partage… et on se retrouve en empathie avec chacun des personnages… Oui, assurément, du grand art ! Bravo à la metteuse en scène et aux comédiens, Eric Ruf en tête !

 

Partager cet article
Repost0
23 octobre 2010 6 23 /10 /octobre /2010 10:45

 

 

guerin055.jpgVoilà un article que j’aurais voulu écrire il y a longtemps. Isabelle Guérin me manque, surtout lorsque je regarde les captations – nombreuses, heureusement, - que nous avons d’elle.

Je l’ai découverte en 1984 à l’opéra de Paris, dans Raymonda où elle dansait la danse des Sarrasins : coup de foudre immédiat, total, comme je n’en connais plus vraiment ces derniers temps (récemment, sur le forum où j’écris, tout le monde encensait A. Albisson dans le Loup de Petit, et je me disais qu’il n’y avait  pas de quoi s’extasier !!! c'est très révélateur d'un context si pauvre en talent qu'on crie bravo à la première prestation digne de ce nom, même sans brio) Dans cette danse des Sarrasins, elle irradiat.... dans la salle, tout le monde a retenu son souffle, puis un tonnerre d'applaudissement a retenti; elle est revenue saluée avec son partenaire, toute étonnée de son succès : voilà, c'est Guérin, modeste, talentueuse, qui hypnotise toute une salle en quelques instants!

 

Ensuite, je l’ai guettée pour  la voir dans les rôles qu’elle a marqués de son talent : modestie,  sensibilité, pureté sont les mots qui la décrivent le mieux en scène. Et puis une grande force. On la sentait sûre... C'est ce qu'aimait tellement Noureev chez les danseuses féminines: elles devaient être des ballerines accomplies, être très féminines, mais posséder une grande force, ce qui était le cas de  Platel, Guillem, Loudière, Pontois...

 

Guérin n’a jamais visé l’esbroufe ; sa technique parfaite a toujours été au service de son talent – Leriche et Dupont ont tous deux ce même côté modeste en scène aujourd'hui, c'est sans doute la raison pour laquelle je les aime autant. Elle aurait pu danser "tape à l'oeil"; très belle, grande, longue et fine, les mouvements sur elle rendaient " beaux et larges"; elle aurait pu danser en mettant en avant ses qualités, sa beauté, son panache - ce que faisait F Legrée d'une certaine manière : j'étais bouche bée devant ses bras, ses jambes, sa technique un peu " tape à l'oeil"

Mais Guérin avait en elle cette pureté dont je parlais tout à l'heure ; cette modestie, cette classe que Noureev appréciait chez les danseurs et qui était innée chez elle. ( Platel avait toujours l'air tellement de l'élève modèle, à côté! alors que Guérin semblait si naturelle!)

  

Il y eut en 1987 un superbe documentaire sur la transmission des rôles par Y Chauviré réalise par le formidable D Delouche

On y voyait – entre autre – Loudière, sublime de légèreté, de virtuosité répéter Flotow, et Guérin apprendre de la créatrice elle-même le rôle d’Ishtar, la déesse qui doit descendre aux enfers et se dépouiller de son paraître pour sauver son fils qui y est retenu

Après avoir vu ce documentaire, je n’avais qu’un désir : la voir danser Ishtar sur scène.

Ce fut le cas quelque temps plus tard, l’un de mes grands souvenirs de danse! Encore un immense coup de foudre! 

Par la suite j'ai acheté la video, puis lorsqu'elle fut complètement usée, je la rachetais en dvd; je la regarde toujours beaucoup aujourd'hui!

 

Elle aborda tous les grands rôles classiques révélant ses talents de tragédienne dans Roméo, son immense sensibilité dans Nikya (la Bayadère) ou encore sa grâce infinie dans Esméralda (aux côtés de Leriche, Legris, Hilaire : voyez un peu le plateau !!!!) Elle est tellement belle! Elle est Esméralda; mutine, légère, douce, aimante, fragile, fidèle, sensuelle... on la brise; elle plie mais ne cède pas...

  

On peut la voir encore aujourd’hui en captation dans le Parc de Prejlocaj, et surtout - et je le regarde souvent- dans le documentaire sur la Bayadère. Elle explique comment elle a appris le rôle et on la voit en répétition lors de la reprise du ballet créé en 1993, année de la mort de Noureev. Je ne me lasse pas de la voir répéter ses solos, ni de l'écouter évoquer cette époque... l'âme de Noureev est là aussi quelque part....

 

 guerin01.jpg

 

C'est Noureev qui l’a nommée, comme il a nommé Guillem, Hilaire, Legris, Maurin, Belarbi…

 

J’aimais surtout en elle sa capacité à s’abandonner totalement à son rôle. Jamais en scène je n'ai vu sa technique mais le personnage qu'elle interprétait. Sans doute Noureev y est-il pour beaucoup dans la capacité qu’elle avait à mettre son âme sur scène, sans fioriture. Elle proposait alors une lecture personnelle du personnage qu’elle dansait – moins révolutionnaire peut-être que ce que Guillem faisait - mais avec une authenticité, une sincérité absolues, désarmantes.

Et puis, chacun de ses pas respirait une infinie poésie : du grec : poien, créer .

Comme si elle ne dansait pas des pas appris, mais qu’elle les inventait au fur et à mesure que le ballet se déroulait sous nos yeuxguerin04.jpg

 

Souvent, je la regarde dans les variations de Bayadère, ou encore dans le solo d’Esméralda ou le pas de deux qu’elle danse avec Quasimodo-Leriche

 

Elle a aussi créé beaucoup de rôles à l’opéra de Paris. Je regrette de ne l’avoir jamais vu dans Manon de Mc Millan

Aujourd’hui encore, le simple fait de la voir en video dans la mort de Juliette me met les larmes aux yeux…

 

Elle a déjà quitté l’opéra depuis 2001, même si elle y est revenue danser en «  guest » notamment pour le Parc de Prejlocaj

Décidément, le temps passe si vite !

mais telle est la magie des étoiles, dont la lumière nous vient même du passé!

 

 

Les photos sont de J Moatti, extraits du site ballerina

Partager cet article
Repost0
23 octobre 2010 6 23 /10 /octobre /2010 10:06

pietra-don-t-look-back.JPGoù comment voyager dans le temps!!!!

 

 

Hier soir, assez déçue de n’avoir pas pu pour l’instant obtenir de places pour le Lac dans l’unique distribution qui m’intéresse (Leriche Gilbert pour ne rien vous cacher), j’ai fouillé dans mes archives afin d’en extraire des captations vidéo datant un peu. Il faut dire que quand on regarde les distributions du Lac des Cygnes, il n’y a rien de très palpitant… le problème, c’est qu’actuellement, une fois Martinez puis Leriche partis, côté garçon, il ne reste plus grand monde, à part Mathieu Ganio qui, hélas,  est très fragile ; j’adore Belingard, mais pour le classique, même si ses interprétations sont fortes, habitées, la ligne n’est pas la plus pure… il suffit de regarder Casse noisette pour s’en rendre compte ; 5ème pas fermées, pieds pas toujours très « propres » équilibres parfois difficilement tenus. Certes, il donne à ce Prince une part très sensuelle, très féline assez inattendue dans un ballet classique et qui plus est, il investi totalement son personnage. Mais les pas n'atteignent pas la perfection qu'elles devraient avoir à ce niveau là…

 

Côté filles, et bien à mes yeux, Gilbert est bien la seule étoile digne de ce nom, à ranger à côté des Pontois, Loudière, Guérin, Guillem, Maurin, et même Pietra dans une certaine mesure, qui firent les beaux soirs des années 1980 à l’ONP. Elle danse avec une facilité déconcertante ! Non que les étoiles actuelles soient mauvaises, mais là aussi, elles sont aptes à danser tel ou tel répertoire, mais peuvent rarement tout danser; en outre, la plupart sont souvent blessées elles aussi.

 

 

Me voilà donc visionnant   un DVD  contenant  d’antiques   captations numérisées de Guillem au travail, Pietra dans Don’t look back, Guérin dans l’Arlésienne, et, magique, Leriche et Pietra dans Le Jeune homme et la mort…

 

Je suis restée fascinée pendant plus de deux heures, oubliant le temps…pietra-leriche-le-jeune-homme.JPG

 

 

En rangeant le DVD, j’ai ressenti une tristesse profonde. Il y a un tel gâchis de talents à l’opéra. Certes, des artistes, il y en a ; mais des étoiles, brillantes, étonnantes, qui nous font retenir notre souffle, qui «  décapent » les rôles classiques, et habitent totalement les autres… où sont-elles ?

Beaucoup d’étoiles aujourd’hui à l’opéra se blessent et restent éloignés de la scène un temps plus ou moins long ; lorsqu’elles reviennent, fragiles, elles doivent renoncer à certains rôles trop techniques… ou bien elles l’abordent mais sans pouvoir aller réellement au bout des exigences du rôle

 

Où sont les Belarbi, les Legris, les Hilaires toujours là, passant d’un James de la Sylphide à un Forsythe ? Endossant sans problème le rôle de Siegfried, puis dansant Mats Ek avec le même talent ?

Où sont les Pontois, les Guérin, qui même dans les pas les plus simples scintillaient de tous les feux ?

 

Tout cela, est le reflet de l’actuelle direction de la danse… sans aucun doute…  des talents, il y en a ; des artistes aussi… mais presque aucun parmi eux ne peut couvrir l’étendue des rôles, des répertoires, comme le faisaient les étoiles citées des années 80/ 90... et pourquoi autant de blessures?  

le-jeune-homme.JPGEn outre, certains danseurs portent le titre sans aucun scintillement sur leur diadème ou leur pourpoint. Même certains danseurs que j’aime beaucoup et qui sont étoilés depuis peu, montrent rapidement leurs limites dans certains rôle... on en est presque gêné pour eux...

 

Mon Dvd commençait avec Guillem au travail… je crois que le documentaire date de 1985 ; Guillem est sans doute la plus grande virtuose de son temps. Même aujourd’hui, à presque 46 ans, elle garde une technique époustouflante... elle a, des années durant, danser le classique comme le contemporain avec le mêm talent; certes, c'est un oiseau rare...

 

Suivaient le Jeune homme et la mort avec Leriche et Pietra : comme c’est bon de les revoir tous les deux ensemble : quelle connivence en scène ! Voilà deux artistes en état de grâce ; Leriche doit avoir à peu près   27 ans sur cette captation ;  depuis dix ans, il danse avec la même passion, le même talent, et un charisme immense. La Mort va comme un gant à une Pietra, étonnamment virile dans ce rôle,  qui s'oppose à un  Leriche fragile, féminin,  tout en déchirements et en souffrance.

 

Puis ensuite, pour le plaisir, j’ai juste revu le solo que  Carlson a écrit pour Pietra : don’t look back, sur des poèmes de Pessoa : sublime ! Là aussi, j’avais oublié le brio de Pietra à cette époque : son incroyable force, sa puissance, son ballon, la précision de ses pas ; certes, je ne l’ai jamais aimée dans le classique – elle le dansait de mon point de vue trop en force- mais ce soltaillé sur mesure et enregistré en 2000 est vraiment fascinant : tout y est : théâtrâlité, fluidité, virtuosité, personnages qui se dédoublent, Pietra explore toutes ses facettes. Personnellement, celles que je préfère ne sont pas celles qui montrent ses angoisses, ses errances, mais sa flamboyance : quand en noir et rouge, elle s’élève dans les grands jetés en tournant et traverse la scène, belle, forte, sublime, déployant des bras souples mais puissants ! Elle irradie la danse !

 

Enfin, le plus pur moment de la soirée, le pas de deux final de l'Arlésienne de Petit.

Ce ballet est à mourir d’ennui, sauf quand Legris et Guérin dansent les deux personnages solistes.

Je regardais Guérin exécuter des pas tellement simples mais avec une perfection, une modestie, une sensibilité, une aisance et surtout une présence magnifiques : il suffit qu'elle fasse un dégagé seconde et la danse est déjà là. Qu’est ce qu’il y a dans un dégagé seconde ? Rien : les deux jambes sont serrées, l’une quitte l’autre en glissant sur la pointe qui se tend, au sol, en ouverture puis revient. Guérin le fait et on est dans la douceur, la tristesse de son personnage qui ne pourra pas sauver Frédéri malgré son amour. Son dégagé dit tout du personnage...

 

 

Quand j’ai éteint ma télé, j’étais heureuse malgré l'imparfection de ces captations sur le plan technique.

Rien à voir avec les frissons qu’on peut ressentir avec une salle de spectacle ?

Et bien si : tant est immense le talent de ces danseurs qu’il en traverse l’écran et vient se planter en plein milieu de votre cœur…c'est cela, l'art : ce n'est pas divertir, émouvoir, c'est ouvrir le coeur et donner des ailes à l'âme qui s'ébroue, heureuse, puis prend son vol....

 

 

Partager cet article
Repost0